Le profilage racial n'est pas un problème systémique, ont soutenu mercredi le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et la Ville lors de la quatrième journée des audiences publiques de la consultation sur le profilage racial organisée par la Commission des droits de la personne.

«Être la police de tous les Montréalais est un défi. Il y a des incidents. Est-ce qu'il y a un problème systémique de profilage racial? On est convaincus que non», dit Denis Desroches, directeur adjoint au SPVM, en opposition aux témoignages recueillis jusqu'à présent par la Commission.M. Desroches a passé en revue toutes les initiatives prises par le SPVM pour lutter contre le profilage: recrutement de policiers dans les communautés, rapprochement de la police et des jeunes dans les quartiers sans oublier des journées de formation consacrées au profilage racial. «On n'a pas lésiné sur les moyens», dit-il.

Pourtant, des débordements de l'escouade Éclipse, chargée de lutter contre la criminalité, au manque de transparence du SPVM sur les données du profilage racial en passant par des interpellations arbitraires, les récriminations adressées aux forces de police lors des audiences publiques sont nombreuses.

Réaction «négationniste»

Fo Niemi, le directeur général du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR), s'en prend à la réaction des institutions face au problème, une réaction qu'il n'hésite pas à qualifier de négationniste. «Il y a beaucoup de pratiques institutionnelles pour nier que le problème existe», s'indigne-t-il.

«Je pense que s'il y avait une tolérance zéro (sur le profilage racial), il y aurait un mécanisme de détection (du profilage): c'est là où le bât blesse», remarque quant à lui le président de la Commission, Gaétan Cousineau, qui n'a pas manqué non plus de souligner l'absence du maire de Montréal aux audiences.

Le conseiller du district de Snowdon, Marvin Rotrand, venu témoigner aux côtés des représentants du SPVM, de la STM, et du Conseil interculturel de Montréal, voit quant à lui dans le profilage racial une question étroite qui préoccupe assez peu les Montréalais et les néo-Montréalais.

«Quand j'échange avec ces personnes, les enjeux majeurs sont ceux du logement ou de l'emploi. Il y a rarement des plaintes qui touchent le SPVM. Ils n'ont pas le sentiment d'être ciblés et ils sont relativement à l'aise (...) Il y a des problèmes qui surviennent de temps en temps, mais j'aimerais dire qu'il n'y a aucune politique de profilage racial au SPVM», affirme M. Rotrand.

Arrêté deux fois à tort par des policiers, Marcus Gordon, un jeune Noir de 26 ans, exprime un certain ras-le-bol quant au profilage racial. «Cela n'a pas commencé aujourd'hui, mais je veux juste que les gens se rendent compte que ça existe et je souhaite être compensé», dit le jeune homme qui accompagnait le CRARR.

Les audiences publiques se poursuivent aujourd'hui et demain à Montréal. Le rapport de la Commission des droits de la personne sur le profilage racial et ses conséquences sera rendu public à la fin de l'année.