Le conseiller municipal et président de la Société de transport de Montréal (STM), Michel Labrecque, est le candidat du parti Union Montréal à la mairie du Plateau-Mont-Royal pour les prochaines élections municipales.

C'était écrit dans le ciel depuis quelque temps. La mairesse du Plateau-Mont-Royal, Helen Fotopulos, a finalement pris la décision que plusieurs souhaitaient la voir prendre: elle a annoncé au chef du parti Union Montréal, le maire Gérald Tremblay, qu'elle ne sera pas candidate à sa succession le 1er novembre.Cela fait plus d'un an que des élus d'Union Montréal faisaient part au maire Tremblay des problèmes de gouvernance dans l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal. Dès 2006, la conseillère Josée Duplessis avait rencontré plusieurs fois le directeur de cabinet du maire, Stéphane Forget, pour lui dire que ça ne tournait pas rond dans l'arrondissement. Mais cela n'avait rien donné.

Une réflexion a alors débuté entre les conseillers Michel Labrecque, Isabel Dos Santos, Josée Duplessis et Eleni Fakotakis. De façon presque naturelle, Michel Labrecque s'est de plus en plus trouvé à être implicitement plébiscité pour devenir le leader du Plateau. Les mois ont passé. Le maire Tremblay faisait la sourde oreille, ne voulant froisser personne.

Il a nommé M. Labrecque à la tête de la STM. La grogne s'est quand même poursuivie, provoquant le départ de Mme Duplessis pour Projet Montréal, le parti de Richard Bergeron. Quant à M. Labrecque, il a remis en cause son avenir politique.

Le maire Tremblay a finalement estimé qu'il aurait été dommage pour son parti de voir partir «un homme de grand talent», comme il l'a dit, hier, en conférence de presse. «Il a déjà fait un travail remarquable comme conseiller et comme président de la STM en moins de six mois, a dit le maire. Il a consacré 10 ans d'efforts comme président de Montréal en lumière et on va fêter le 25e anniversaire du Tour de l'île. Tu as toutes les qualités requises pour représenter les citoyens du Plateau-Mont-Royal.»

M. Labrecque a dit avoir pris sa décision après avoir senti qu'il bénéficiait d'appuis notables. Et puis, il aime travailler à améliorer la qualité de vie à Montréal, notamment en ce qui a trait aux transports collectifs. D'ailleurs, Gérald Tremblay a dit que si Michel Labrecque est élu maire du Plateau, il demeurera à la tête de la STM.

Question piège

Pourquoi Gérald Tremblay n'a-t-il pas pris la décision de remplacer Mme Fotopulos par M. Labrecque avant? «Cela vous aurait évité de perdre une conseillère», a demandé La Presse. Le maire n'a pas répondu, laissant Mme Fotopulos dire qu'elle avait pris la décision «seule» après avoir fait «une analyse».

Mme Fotopulos s'est trouvée ces derniers temps impliquée dans divers dossiers. L'administration Tremblay est critiquée dans le dossier Marianopolis, un projet immobilier situé dans l'arrondissement historique et naturel du mont Royal. Mme Fotopulos est responsable des parcs de la Ville. Même si elle a demandé qu'une vérification administrative ait lieu dans son arrondissement à la suite de critiques de l'ombudsman, les critiques des employés du Plateau sont révélatrices d'un malaise.

Le fait qu'elle ait admis avoir accepté l'invitation de la firme Cima " de se rendre l'hiver dernier dans une loge du Centre Bell que possède cet important fournisseur de la Ville a aussi fait couler de l'encre. Elle estime qu'elle a bien fait, mais des élus, notamment Michel Labrecque, n'auraient pas agi ainsi.

Helen Fotopulos passe donc le flambeau. Hier, elle a rappelé les contributions qu'elle a apportées à la vie publique du Plateau: le budget participatif, le plan de déplacement urbain (pourtant l'oeuvre de M. Labrecque), des règlements d'urbanisme pour favoriser une certaine harmonie architecturale, etc. Le maire Tremblay lui a rendu hommage, qualifiant son travail de «remarquable».

«Il y a un manque de leadership dans le Plateau de la part de l'administration Union Montréal, a dit, hier à La Presse, le candidat de Projet Montréal qui affrontera Michel Labrecque, Luc Ferrandez, consultant en gestion d'entreprise. Mme Fotopulos n'est qu'un bouc émissaire. Cette annonce est un geste de désespoir de cette administration.»

Mme Fotopulos dit qu'elle ne sait pas encore ce qu'elle va faire. Certains la voient succéder à Jean-Guy Chaput à la tête de la SODEC. D'autres pensent qu'elle sera candidate dans le district de Côte-des-Neiges si la conseillère actuelle, Francine Senécal, ne se représente pas. Mme Senécal va rencontrer le maire Tremblay dans les prochains jours. Ceux qui veulent lui indiquer la sortie devront encore attendre un peu. «Ça fait presque huit ans que je sers les citoyens de Côte-des-Neiges, la politique est un métier exigeant, mais aussi très valorisant. Ça ne s'est jamais démenti», a dit Mme Senécal à La Presse, hier.

Le maire Tremblay a également annoncé que le maire de Montréal-Nord, Marcel Parent, sera bel et bien candidat à sa propre succession le 1er novembre.