Certains ont quitté l'Italie tout jeunes ou n'y ont même jamais vécu, mais depuis qu'un séisme a ravagé lundi la région de L'Aquila, les quelque 300 000 Italiens de Montréal ont les yeux rivés sur «leur pays» et s'organisent pour collecter des fonds pour les sinistrés.

Comme tous les midis, les effluves d'expressos et les débats dans la langue de Dante s'élèvent de l'animé quartier italien de la métropole québécoise. Mais depuis le début de la semaine, tous ces immigrés, ou descendants d'immigrés, n'ont qu'un sujet à la bouche: le tremblement de terre qui a ravagé la région des Abruzzes, faisant près de 300 morts, 1 170 blessés et 28 000 personnes sans-abris.

«J'ai des amis qui habitent à L'Aquila, ça faisait deux jours qu'on n'arrivait pas avoir de nouvelles... Ils sont vivants», raconte, soulagé, Vincenzo Laurrini, 85 ans - dont 75 au Canada- et originaire de Celano, un village situé à une trentaine de kilomètres de l'épicentre du séisme.

«J'ai la Rai italienne à la maison et tous les jours je regarde le désastre, c'est bien pénible», ajoute ce propriétaire d'une grande épicerie qui propose pléthore de produits importés d'Italie.

À quelque mètres de là, dans le «Caffe Italia», une institution du quartier, cinq habitués philosophent autour d'une table en formica.

«C'est la nature», lance fataliste Cirillo Pinna, originaire de Venise, tout en notant que ses compatriotes «ont construit des maisons pas comme il faut».

Son ami Carmello, lui, ne sait «pas si (le chef du gouvernement italien Silvio) Berlusconi a bien fait de refuser l'aide internationale».

«La politique, je ne m'y intéresse pas», dit-il, ajoutant «c'est triste tout ça. Même si on n'a plus de parenté là-bas, ça fait toujours quelque chose quand des choses comme ça arrivent», déclare cet homme de 70 ans, qui a quitté l'Italie à l'âge de 20 ans.

«On est nés là-bas, notre coeur est là-bas», ajoute M. Pinna.

Ces octogénaires l'assurent: ils vont participer aux nombreuses collectes de fonds organisées par les associations afin de financer une partie de la reconstruction des quelque 10 000 bâtiments et maisons endommagés.

«Les gens donnent avec générosité, plusieurs milliers de dollars sont déjà rentrés», affirme Antonio Sciascia, Sicilien d'origine et président du Congrès National des Italo-Canadiens. Cette association a lancé mercredi la campagne de financement «S.O.S Abruzzes».

Tous les fonds récoltés seront remis à la Croix Rouge canadienne, qui les transmettra ensuite à la Croix Rouge italienne, dit l'avocat, dont les dossiers s'empilent sur le bureau depuis le début de la semaine. «Mes clients appellent... mes dossiers n'avancent pas!», dit-il.

Pour donner une grande résonance à la campagne, le Congrès National des Italo-Canadiens organise vendredi un «radiothon» sur les ondes d'une radio communautaire afin d'appeler cette riche communauté à la générosité.

Près de 1,5 million de Canadiens ont une ascendance italienne, selon les plus récentes données du recensement national de 2006, dont quelque 868 000 en Ontario et 300 000 au Québec, principalement à Montréal où vivraient environ 40 000 personnes originaires de la région sinistrée.

Un Gala réunissant des artistes Québécois et Italiens est également à l'étude, de même qu'un appel au don signé par de riches donateurs «très connus dans la communauté» qui sera adressé «aux sociétés, aux chambres de commerces, conseils du patronat», ajoute M. Scascia.