(Amsterdam) D’ici 2026, Amsterdam aura complété son Binnenring, un important tronçon routier de 7 km qui ceinture la ville et qui relègue les voitures au statut de « visiteuses » sur la seule voie qui leur est dévolue. Depuis les années 1970, Amsterdam fait la part belle aux cyclistes. Quelles sont les clés de son succès ?

Des « voies royales » pour les vélos

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

En 2017, seules 34 % des pistes cyclables du centre-ville d’Amsterdam avaient plus de 2,5 m de largeur. On veut faire passer ce taux à 50 % ou plus d’ici 2025.

En 2017, Amsterdam a adopté un ambitieux Plan de développement cycliste ayant trois objectifs : améliorer l’expérience vélo, hausser le nombre d’espaces de stationnement pour les bicyclettes et peaufiner les comportements des utilisateurs. Ce plan a notamment permis d’élargir à 2,5 m plusieurs pistes cyclables dans la ville. Ces voies facilement reconnaissables à la couleur rouge tirant sur l’orange de leur chaussée sont disséminées partout dans la capitale des Pays-Bas. En 2017, seules 34 % des pistes cyclables du centre-ville avaient plus de 2,5 m de large. On veut faire passer ce taux à 50 % ou plus d’ici 2025.

Coût du Plan de développement cycliste 2017-2022 de la Ville d’Amsterdam : 54 millions

Une ceinture de 7 km

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Une portion du Binnenring, une artère semi-circulaire de 7 km ceinturant le centre-ville. De larges pistes cyclables et des trottoirs se trouvent de chaque côté de la travée centrale réservée aux tramways.

L’un des plus gros projets de « route royale » est le Binnenring, une artère semi-circulaire de 7 km ceinturant le centre-ville. De larges pistes cyclables et des trottoirs se trouvent de chaque côté de la travée centrale qui est quant à elle réservée aux tramways. Les voitures n’ont qu’une mince voie de côté où la circulation est limitée à 30 km/h. Porte-parole de la Ville d’Amsterdam, Barbara Verhallen souligne que l’objectif final est d’allonger le Binnenring au nord de la ville grâce à de nouveaux ponts enjambant l’IJ. « Nous aurons alors un cercle complet de route où l’on pourra circuler à vélo sans obstacle », dit-elle.

Des stationnements pour tous les vélos (ou presque)

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Le stationnement de la gare centrale, bâti sous l’eau, peut accueillir près de 7000 vélos.

En 2015, des images de bicyclettes entassées de façon anarchique sur les trottoirs d’Amsterdam ont fait le tour du monde : la construction de stationnements pour les vélos n’avait pas suivi la forte croissance de la population. Depuis, la Ville s’est attaquée au problème et a créé 16 000 nouveaux espaces de stationnement, la plupart souterrains. Près de la gare centrale, un stationnement a été bâti sous l’eau. Inauguré en janvier dernier, l’espace peut accueillir près de 7000 vélos. Le vélo est de loin le mode de transport le plus utilisé à Amsterdam, alors que 36 % des déplacements réalisés chaque jour dans la métropole se font selon ce mode de transport. En comparaison, ce taux était de 3,3 % à Montréal en 2018.

Nombre de citoyens à Amsterdam

Prévu pour 2025 : 906 000

2017 : 835 000

2007 : 735 000

Source : Plan de développement cycliste d’Amsterdam

Des examens obligatoires pour être un bon cycliste

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Dès l’âge de 10 ans, les enfants apprennent « l’interprétation des règles de circulation et des panneaux » et « à bien réagir dans différents scénarios de circulation ».

À 10 ans, les écoliers des Pays-Bas doivent passer un examen théorique et pratique de sécurité à vélo. Cet examen est chapeauté par l’Association néerlandaise pour la sécurité routière (SWOV). Les enfants apprennent « l’interprétation des règles de circulation et des panneaux » et apprennent « à bien réagir dans différents scénarios de circulation », note le porte-parole de l’organisme, Rob Stomphorst. Des cours sont également offerts aux aînés afin de « rafraîchir leurs connaissances et améliorer leurs compétences à vélo ».

Miser sur les microvoitures

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Les microvoitures Canta, destinées aux personnes à mobilité réduite, peuvent circuler sur les pistes cyclables.

Pour les citoyens incapables physiquement de monter à vélo, la Ville d’Amsterdam mise sur l’utilisation de la Canta, une microvoiture développée dans les années 1990 et destinée spécifiquement aux personnes à mobilité réduite. Ces voitures sont si petites (elles ont une largeur de 1,1 m) qu’elles peuvent circuler sur les pistes cyclables et se stationner sur les trottoirs comme les vélos. Pas besoin de posséder un permis pour conduire une Canta. Leur vitesse maximale est de 45 km/h. Les autres modèles de microvoitures ne disposent pas des mêmes avantages.

Créer des routes longues distances

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Les Pays-Bas misent aussi sur les routes à vélo longue distance pour relier des villes.

Pour encourager les gens à utiliser leur vélo même pour effectuer des trajets de longue distance, voire entre certaines villes, les Pays-Bas misent sur le développement d’« itinéraires cyclables » (Doorfietroutes). En 2023, 146 km de ces routes ont été ajoutés et on vise à augmenter ce nombre à 1400 km d’ici 2030. La Presse a utilisé l’une de ces routes reliant Amsterdam à Zaandam, une municipalité située à 15 km, lors d’un reportage en octobre. Même dans des quartiers plus industriels, il était tout à fait sécuritaire de se déplacer grâce à des pistes cyclables largement balisées.