(Ottawa) Le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, affirme que toutes ses discussions avec Sultan Al Jaber, qui préside la COP28, ont porté sur les négociations internationales sur les changements climatiques. La BBC a révélé lundi que M. Al Jaber, également président d’une compagnie pétrolière, a voulu mettre à profit son rôle à la COP pour conclure des marchés dans les énergies fossiles notamment au Canada.

« Ce que je peux vous dire, c’est que j’ai eu de nombreuses rencontres avec le président de la COP28, quatre ou cinq depuis le printemps dernier, et nous n’avons discuté que des négociations internationales sur les changements climatiques », a indiqué le ministre Guilbeault à son arrivée pour la réunion du Cabinet.

Il s’est gardé de commenter davantage les révélations de la BBC. Le ministre canadien de l’Environnement et du Changement climatique est l’un des cofacilitateurs de cette conférence annuelle des Nations Unies sur le climat.

Dans une entrevue récente à La Presse, M. Guilbeault avait fait part de son optimisme quant à la conclusion d’un accord sur l’élimination progressive des énergies fossiles à la COP28 qui s’amorce dans deux jours. Il estimait que M. Al Jaber « est très sensible » au cynisme qu’alimente la tenue de cet évènement dans sa monarchie pétrogazière et qu’il a une influence auprès d’autres grands producteurs. M. Al Jaber est ministre de l’Industrie et président-directeur général de la pétrolière nationale des Émirats arabes unis (EAU), et a donc une influence auprès d’autres grands producteurs.

PHOTO BRYAN BEDDER, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Sultan Al Jaber

La BBC a mis la main sur une compilation de 150 pages de notes d’information préparées par l’équipe de la COP28 pour des rencontres avec Sultan Al Jaber entre juillet et octobre 2023, recueillis par des journalistes du Centre for Climate Reporting (CCR).

Elle affirme qu’ils ont été rédigés par l’équipe des EAU de la COP28 pour des réunions avec au moins 27 gouvernements étrangers avant le sommet. Ils comprennent des « points de discussion », comme l’un à l’intention de la Chine selon lequel la compagnie pétrolière émiratie Adnoc souhaite « évaluer en commun des opportunités internationales » dans le gaz naturel liquéfié au Mozambique, au Canada et en Australie.

Greenpeace International a dénoncé le conflit d’intérêts de Sultan Al Jaber tandis qu’un porte-parole de la COP28 a rétorqué que les documents sur lesquels s’appuie la BBC « sont inexacts et n’ont pas été utilisés par la COP28 lors de réunions ».

Lorsqu’il a réagi lundi, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, ne pouvait « pas croire que ce soit vrai ».

Le CCR assure avoir vérifié l’authenticité des documents fournis à la BBC qui ont été obtenus via un « lanceur d’alerte » resté anonyme de peur de représailles. La COP28 se déroulera jusqu’au 12 décembre à Dubaï.

Avec l’Agence France-Presse et Jean-Thomas Léveillé