(Ottawa) La ministre des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, invite les chefs de Kanesatake à accepter l’aide d’un médiateur pour régler leurs différends. Deux factions s’opposent au sein du Conseil mohawk, notamment sur la question du dépotoir illégal de G & R Recyclage appartenant aux frères Robert et Gary Gabriel.

Les cinq chefs dissidents ont l’intention de boycotter une réunion d’urgence convoquée mercredi soir, a fait savoir Serge Otsi Simon, qui fait partie du groupe. Les membres de la communauté doivent choisir entre la tenue d’élections générales, une élection partielle ou une gouvernance effectuée par le grand chef Victor Bonspille, sa sœur jumelle Valerie Bonspille et « un gestionnaire administratif intérimaire ».

« L’offre de médiation est toujours sur la table et il s’agit d’un médiateur payé par le gouvernement du Canada. », a rappelé la ministre Patty Hajdu avant la réunion du caucus libéral en matinée. « Donc, s’ils n’arrivent pas à arriver à une conclusion par eux-mêmes, je suggérerais aux chefs et au Conseil qu’ils considèrent sincèrement l’offre du gouvernement. »

Le grand chef Bonspille avait demandé en juillet une mise sous tutelle, ce qu’Ottawa avait refusé. La situation du Conseil mohawk de Kanesatake ne répondait à aucun des trois critères pour justifier une telle démarche, selon une lettre du ministère des Services aux Autochtones datée du 1er septembre dont La Presse a obtenu copie.

Il aurait fallu que le Conseil soit dans l’impossibilité de signer son entente de financement avec le gouvernement, qu’il soit incapable d’avoir le quorum pour ses réunions ou qu’il y ait un risque d’interruption de services. Le Ministère a plutôt offert de dépêcher un médiateur, mais cette option déplaît aux chefs dissidents, qui y voient une façon pour leurs rivaux de gagner du temps.

Le Conseil mohawk de Kanesatake est divisé en deux factions. D’un côté, il y a le grand chef Victor Bonspille et sa sœur jumelle Valerie Bonspille, et de l’autre, cinq chefs dissidents. Le grand chef a fait adopter une motion de censure à la fin d’octobre pour les exclure et est allé jusqu’à cadenasser les portes des bureaux du Conseil de bande. L’avenir du dépotoir illégal de G & R Recyclage fait partie des pommes de discorde.

« C’est parfois difficile de trouver une voie de passage dans un conflit, mais nous avons plusieurs médiateurs compétents, a ajouté la ministre Patty Hajdu. Bien sûr, la communauté aurait un choix sur la personne. Nous pouvons fournir une liste de noms, mais ce serait une prochaine étape importante pour la communauté s’ils ne sont pas capables de résoudre ça par eux-mêmes. »

La Presse rapportait mercredi qu’une solution impliquant l’Institut de développement durable des Premières Nations du Québec et du Labrador pour tenter de régler le problème d’odeurs nauséabondes qui émanent du dépotoir est dans l’impasse depuis des mois. L’organisme avait accepté en juin la demande du fédéral de coordonner les efforts pour atténuer ces mauvaises odeurs et déterminer le coût des travaux de décontamination à condition d’obtenir l’aval de l’ensemble du conseil mohawk, ce qui s’est avéré impossible à ce jour.

Des enquêtes de La Presse en mai et en juin avaient permis de constater qu’une eau brunâtre s’écoulait du site et dépassait de 144 fois la concentration de sulfures jugée sûre pour la survie des poissons. Le dépotoir appartient aux frères Gabriel, qui traînent tous deux un lourd passé criminel.