(Charm el-Cheikh) Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a appelé jeudi les pays rassemblés à la COP27 à trouver « un accord ambitieux et crédible » sur la compensation des ravages provoqués par le changement climatique, un sujet brûlant sur lequel butent les négociations, à un jour de la fin prévue de la conférence sur le climat.

« La manière la plus efficace de reconstruire la confiance est de trouver un accord ambitieux et crédible sur les pertes et préjudices et le soutien financier aux pays en développement », a-t-il déclaré en Égypte, à son retour du G20 à Bali. « Nous avons besoin d’action ».

Les pays pauvres, peu responsables des émissions de gaz à effet de serre à l’origine du réchauffement mais souvent très exposés aux conséquences de celui-ci, réclament un accord dès la conférence de Charm el-Cheikh sur la création d’un mécanisme financier spécifiquement dédié à ces dommages. Mais les pays riches y sont très réticents.

L’Union européenne a toutefois fait une ouverture lors d’une séance plénière tard jeudi soir, proposant « d’établir un fonds de réponse aux pertes et dommages », tout en insistant pour que la COP27 prenne aussi des engagements forts sur la réduction des émissions.

Ce fonds devrait être financé par « une large base de donateurs », a insisté le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans. Un mot-clé pour désigner les pays aux moyens financiers conséquents, parmi lesquels donc la Chine, alliée des pays en développement sur ce dossier.

Ce fonds ne serait en outre qu’un élément d’une « mosaïque » de financements à élaborer. Et seuls les pays « très vulnérables » pourraient en bénéficier.

Le représentant du Pakistan, Nabil Munir, qui assure la présidence du puissant groupe de négociation G77+Chine (plus de 130 pays en développement), a qualifié l’offre européenne de « nouvelle positive ». Il a toutefois estimé que « beaucoup de divergences demeurent ».

Le délégué de la Chine, premier émetteur mondial et deuxième puissance économique, s’est exprimé sans commenter la proposition européenne.

Les États-Unis, dont l’opposition à un fonds dédié est connue, n’ont pas pris la parole.  

Une proposition de résolution sur les pertes et dommages a par la suite été publiée par les « facilitateurs » sur ce dossier. Elle liste trois options, dont une assez semblable à l’offre européenne. Une autre pourrait à terme déboucher sur un fonds, une dernière évoque seulement un renforcement des financements.

Le sujet des pertes et préjudices est rendu plus sensible encore par la multiplication des évènements extrêmes dévastateurs, illustrée par le cortège d’inondations, sécheresses ou incendies géants de l’année en cours.  

Les discussions financières se déroulent dans un contexte de grande méfiance, les pays riches n’ayant par ailleurs jamais tenu un engagement de 2009 de porter à 100 milliards de dollars par an les financements aux pays pauvres pour l’adaptation au dérèglement climatique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Milliers de milliards

Les sommes pour l’instant sur la table pour ces différents secteurs sont dérisoires par rapport aux besoins estimés, qui se chiffrent selon les experts en milliers de milliards.

La présidence de la COP égyptienne devait de son côté publier dans la nuit ou vendredi un projet de déclaration finale.

Un premier brouillon ne faisait que lister diverses propositions, notamment un rappel de l’objectif de limiter si possible le réchauffement à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle.

Le brouillon soulignait également que les engagements actuels de diminution des rejets de gaz à effet de serre des différents pays sont loin de permettre de tenir cet objectif, appelant une nouvelle fois à les relever. Selon les analyses de l’ONU, les engagements actuels permettent au mieux de limiter le réchauffement à 2,4 °C d’ici à la fin du siècle.

Le sort réservé aux énergies fossiles sera également très surveillé. Plusieurs pays souhaiteraient voir mentionner un objectif de réduction du recours au pétrole et au gaz. Une mention semblable pour le charbon avait été in extremis atténuée lors de la dernière COP à Glasgow.

Une fois les différents projets de résolutions publiés, d’intenses négociations s’engageront avant un éventuel accord, qui doit se faire par consensus. La conférence doit théoriquement s’achever vendredi, mais les COP se poursuivent en général au-delà des délais prévus.