L’atteinte de l’objectif d’amasser 100 milliards US par année pour lutter contre les changements climatiques passe par une contribution accrue du secteur privé à l’échelle mondiale, plaident le Canada et l’Allemagne.

C’est l’un des « défis » qui restent à surmonter, a estimé vendredi le ministre canadien de l’Environnement et du Changement climatique Steven Guilbeault. Il présentait un rapport d’étape sur le sujet en compagnie de la secrétaire d’État et envoyée spéciale de l’Allemagne pour l’action climatique internationale, Jennifer Morgan, et du président de la 26e Conférence des Nations unies sur le climat (COP26), qui s’est tenue l’an dernier en Écosse, Alok Sharma.

« À l’évidence, nous devons faire plus », a ajouté M. Sharma. Il avait chargé Ottawa et Berlin dans la foulée de la COP26 d’accélérer la campagne de financement, qui avait raté son échéancier.

C’est initialement en 2020 que devait être atteint l’objectif – adopté en 2009 par les pays développés – de récolter 100 milliards de dollars pour aider les pays en développement à freiner les changements climatiques et à s’y adapter.

L’accord de Paris sur le climat de 2015 avait renforcé l’objectif, pour que la somme soit récoltée chaque année jusqu’en 2025 – ce n’est toutefois qu’en 2023 que le but sera atteint, prévoient le Canada et l’Allemagne.

En 2020, les sommes amassées avaient totalisé 83,3 milliards de dollars, ce qui constituait tout de même une avancée immense, souligne le ministre Steven Guilbeault.

On n’a jamais réussi rien de tel à l’échelle internationale.

Steven Guilbeault, ministre canadien de l’Environnement et du Changement climatique

Progrès « importants »

Des progrès « importants » ont été accomplis dans la dernière année, indique le rapport d’étape, qui évoque notamment un engagement du Japon de 10 milliards de dollars sur cinq ans, ou encore la création par l’Italie d’un fonds de 3,4 milliards d’euros sur quatre ans.

« Il n’y a pas de quoi dormir sur nos lauriers, mais il y a des progrès, et c’est ce qui est important », a déclaré la secrétaire d’État Jennifer Morgan, qui était jusqu’en début d’année la directrice générale de Greenpeace international.

Le doublement des contributions auxquelles se sont engagés différents pays dans le cadre du pacte de Glasgow, conclu à la COP26, fera par ailleurs en sorte que l’objectif de 100 milliards US sera dépassé « sur une moyenne de cinq ans », relève le ministre Steven Guilbeault.

Il faudra davantage

La communauté internationale reconnaît toutefois que 100 milliards de dollars par année ne suffiront pas à affronter la crise climatique, dont les effets se font sentir davantage d’année en année, alors que la température planétaire continuera d’augmenter d’ici la fin du siècle.

Comment espérer en amasser davantage, alors que l’objectif de 2020 n’est toujours pas atteint ?

En « déverrouillant » le financement privé et multilatéral, justement, affirme Steven Guilbeault.

Le secteur privé est « réticent » à être le premier à prendre des risques financiers et il était normal que les États soient les premiers à s’engager, mais il doit maintenant en faire davantage, estiment le Canada et l’Allemagne.

« Nous aurons besoin de milliers de milliards de dollars venant du secteur privé » dans les prochaines années, a renchéri Alok Sharma.

Les discussions sur le financement climatique au-delà de 2025 seront d’ailleurs au cœur de la 27e Conférence des Nations unies sur le climat (COP27), qui se tiendra du 7 au 18 novembre à Charm el-Cheikh, en Égypte.

En savoir plus
  • 5,3 milliards CAN
    Contribution du Canada sur cinq ans (2021 à 2026) au financement climatique international
    Source : ministère de l’Environnement et du Changement climatique du Canada