Les deux principaux gaz à effet de serre, le carbone et le méthane, ont atteint des concentrations records dans l’atmosphère en 2021, rapporte l’Organisation météorologique mondiale. Un rapport publié le même jour où l’ONU indique que les engagements internationaux actuels pointent vers un réchauffement de 2,5 degrés d’ici la fin du siècle.

« Une hausse exceptionnelle »

Dans son plus récent Bulletin sur les gaz à effet de serre (Greenhouse Gas Bulletin), l’Organisation météorologique mondiale (OMM) signale que la concentration de méthane dans l’atmosphère a connu « une hausse exceptionnelle » en 2021, totalisant 1908 parties par milliards. Depuis 1983, cet indicateur a augmenté de 16 %. Le méthane, rappelons-le, est le deuxième gaz à effet de serre en importance après le carbone. Ce gaz est à l’origine d’environ 30 % du réchauffement de la planète depuis l’ère préindustrielle. Bien que sa durée de vie dans l’atmosphère soit beaucoup plus courte, son potentiel de réchauffement est nettement plus élevé que le CO2. Sur une période de 20 ans, son effet de réchauffement est 80 fois plus élevé que le carbone.

Réduire les émissions d’origine humaine

Les sources d’émission de méthane sont à la fois naturelles (40 %) et anthropiques, c’est-à-dire d’origine humaine (60 %). Le rapport de l’OMM rappelle l’importance de s’attaquer aux émissions provoquées par les activités humaines. L’industrie des énergies fossiles contribue pour environ 20 % des émissions de méthane à l’échelle mondiale. « Réduire ces émissions [de méthane] pourrait aussi permettre de réduire les émissions de CO2 », indique le rapport. L’agriculture, elle, représente environ 30 % des émissions de méthane d’origine humaine. Celles-ci proviennent en bonne partie du fumier et des rejets gastro-intestinaux du bétail. Dans son dernier rapport, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) réaffirmait d’ailleurs l’importance d’accorder une place plus importante aux protéines végétales dans notre alimentation afin de diminuer la production animale à l’échelle planétaire. La NASA a révélé mardi qu’elle avait détecté depuis l’espace des dizaines de « super-émetteurs » de méthane. Des sites généralement liés aux secteurs des énergies fossiles, du traitement des déchets ou de l’agriculture.

Un nouveau record pour le CO2

La concentration de CO2 dans l’atmosphère a elle aussi atteint un niveau record en 2021, à 415,7 parties par million (ppm), note l’OMM. Le secrétaire général de l’organisation, Petteri Taalas, a rappelé que « la priorité absolue est de réduire drastiquement et de toute urgence les émissions de dioxyde de carbone, qui sont les principales responsables du changement climatique et des phénomènes météorologiques extrêmes qui y sont associés ». Le plus récent relevé effectué par l’observatoire de Mauna Loa, à Hawaii, pointait à 415,67 ppm, mardi.

Des puits de carbone qui disparaissent

Entre 2011 et 2020, environ 48 % des émissions de carbone d’origine humaine se sont accumulées dans l’atmosphère, 26 % dans les océans et 29 % dans la biosphère terrestre. « Il est à craindre que les écosystèmes terrestres et les océans soient moins efficaces dans leur fonction de “puits”, ce qui réduirait leur capacité d’absorber le dioxyde de carbone et de prévenir une élévation plus marquée de la température », souligne l’OMM, qui constate que dans certaines régions du monde les puits de CO2 se transforment en sources de gaz. C’est le cas notamment de la forêt amazonienne, qui rejette maintenant plus de carbone qu’elle n’en capture, a révélé une étude parue dans Nature en 2021. La déforestation et l’agriculture sont les principales causes de ce retournement de situation.

2,5 degrés d’ici la fin du siècle

Un deuxième rapport publié cette fois-ci par l’Agence des Nations unies pour le climat, mercredi, rappelle que les derniers engagements climatiques internationaux sont « très loin » de répondre à l’objectif de l’Accord de Paris de limiter le réchauffement à 1,5 degré d’ici la fin du siècle. Le niveau d’effort actuel conduirait plutôt à un réchauffement d’environ 2,5 degrés, souligne le rapport. D’ici 2030, les émissions de GES devraient augmenter de 10,6 % par rapport aux niveaux de 2010. Selon le GIEC, celles-ci devraient plutôt diminuer de 45 % d’ici la fin de la décennie par rapport aux niveaux de 2019. À deux semaines de la COP27, qui se tiendra en Égypte, l’ONU précise que seulement 24 nations ont fourni de nouveaux plans climatiques depuis ceux déposés à la COP26, l’an dernier.

Gare au méthane

Il est important de rappeler que les concentrations de CO2 et de méthane dans l’atmosphère sont les véritables indicateurs des efforts dans la lutte contre les changements climatiques. « Le rapport de l’Organisation météorologique mondiale, c’est toujours un rapport extrêmement fort », note Eddy Perez, directeur de la diplomatie climatique au Réseau action-climat. Selon lui, il faut particulièrement s’inquiéter de la « dangereuse » hausse des concentrations de méthane. « Toute activité qui risque d’augmenter ces émissions va nous rendre vulnérables dans les prochaines années », explique-t-il.

Avec l’Agence France-Presse

En savoir plus
  • 149 %
    Augmentation de la concentration de carbone dans l’atmosphère depuis l’ère préindustrielle
    Source : Organisation météorologique mondiale
    262 %
    Augmentation de la concentration de méthane dans l’atmosphère depuis l’ère préindustrielle
    Source : Organisation météorologique mondiale