L’inquiétude chez des citoyens et des élus de voir un parc régional des Laurentides défiguré par une mine monte d’un cran : le gisement de graphite Mousseau Ouest a finalement été acheté par l’exploitant minier Northern Graphite.

« Je suis très inquiète », dit Marie-Claude Provost, directrice du parc régional du Réservoir-Kiamika, situé près de Mont-Laurier.

En août, La Presse rapportait que l’entreprise ontarienne Northern Graphite envisageait l’acquisition du projet Mousseau Ouest : une mine de graphite potentielle d’une superficie de 489 hectares, située en partie sur le territoire du parc régional, qui abrite une réserve de biodiversité et une dizaine de lacs.

C’est maintenant chose faite : Northern Graphite a annoncé mercredi avoir conclu une vente avec l’ancien propriétaire des claims miniers, la société Imerys Group, malgré l’opposition de citoyens et d’élus.

Ainsi, l’entreprise ontarienne aura le droit exclusif de chercher des substances minérales sur le territoire pour une période de deux ans.

Des forages d’exploration y ont déjà révélé un potentiel de graphite, un minerai essentiel à la fabrication des batteries de voitures électriques.

« Mousseau Ouest a le potentiel de devenir un projet important et nous pensons que le gisement peut jouer un rôle important au moment où la société consolide sa position de seul producteur important de graphite en Amérique du Nord », a déclaré le PDG de Northern Graphite, Hugues Jacquemin, dans un communiqué.

Northern Graphite reconnaît « qu’il existe des préoccupations locales », mais ajoute qu’il fera « tout [son] possible pour en minimiser les effets et en maximiser les avantages pour toutes les parties prenantes », a-t-il ajouté.

« Les projets tels que Mousseau Ouest et les communautés locales doivent trouver des moyens de coexister », plaide l’entreprise, qui fait valoir le caractère « essentiel » du graphite dans la transition énergétique.

Ça ne rassure nullement Marie-Claude Provost, au contraire. « Même en étant au courant [de nos préoccupations], ils vont aller de l’avant », s’insurge-t-elle.

Le président de l’Association des propriétaires du réservoir Kiamika, Raymond Carrier, doute aussi qu’une cohabitation soit possible. « C’est sûr qu’il y aura des nuisances : le bruit, la poussière… », énumère-t-il.

Plus de 2800 citoyens ont déjà signé une pétition contre l’exploitation minière dans le parc régional du Réservoir-Kiamika.

« Ça n’a pas de bon sens de faire une mine dans un terrain de villégiature et un parc. Il y a une action politique à entreprendre », tonne M. Carrier.

Pas d’acceptabilité sociale

Pour aller de l’avant et construire une mine, Northern Graphite devrait se plier à toutes les exigences imposées par Québec, rappelait en août Philippe Gervais, directeur principal de la firme de relations publiques Navigator, qui représente l’entreprise ontarienne.

« Il faut faire des études environnementales, des consultations. On va faire tout ce qu’il faut », assurait M. Gervais.

En réaction au reportage de La Presse, le premier ministre du Québec, François Legault, avait promis qu’il ne donnerait le feu vert à aucun projet minier « sans acceptabilité sociale ».

Marie-Claude Provost interpelle le gouvernement pour qu’il se prononce clairement contre le projet Mousseau Ouest.