Les deux pôles se réchauffent à une vitesse alarmante. Le Nord comme le Sud viennent littéralement de fracasser des records de chaleur, à 40 et 30 degrés au-dessus des températures habituelles à cette période de l’année. Une anomalie qui préoccupe nombre de scientifiques. Les effets des changements climatiques sont-ils plus rapides que prévu ?

- 11,5 ℃

C’est le nouveau record enregistré en Antarctique, le 18 mars, à la station de recherche Concordia. Une température de plus de 40 degrés au-dessus des normales saisonnières. L’ancien record datait du 17 décembre 2016, à -13,7 ℃, à cette base franco-italienne située à 3223 m d’altitude sur le plateau antarctique.

+ 3,9 ℃

À la station météo norvégienne d’Hopen, située dans l’archipel Svalbard, on a enregistré un record de 3,9 ℃ le 15 mars, soit une trentaine de degrés de plus que la normale pour cette période de l’année.

PHOTO OLIVIER MORIN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Un bloc de glace dérive après s’être détaché du glacier Nordenskiold, au large de l’archipel norvégien du Svalbard.

Les deux pôles se réchauffent vite

Les deux pôles se réchauffent trois fois plus vite que le reste de la planète. Vendredi dernier, la température moyenne en Antarctique était supérieure de 4,8 ℃ aux moyennes enregistrées entre 1979 et 2000. À l’autre extrémité du globe, la température moyenne dans l’Arctique affichait 3,3 ℃ de plus, toujours en comparaison avec la même période de référence.

La glace fond en Antarctique

PHOTO NATALIE THOMAS, ARCHIVES REUTERS

Des scientifiques étudient les effets des changements climatiques sur les colonies de manchots du côté nord de la péninsule antarctique.

À la fin du mois de février, le centre de recherche américain National Snow and Ice Data Center a signalé que la banquise de l’Antarctique avait atteint sa plus petite superficie enregistrée depuis 1979, à moins de 2 millions de kilomètres carrés.

Et en Arctique aussi…

PHOTO EKATERINA ANISIMOVA, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Des glaciers au large de l’archipel russe François-Joseph, en Arctique

Pour le mois de février, on a aussi enregistré un volume moyen de glace en Arctique de 19 700 m⁠3, soit au 9e rang des plus petits depuis que ces données sont répertoriées.

Quelles seront les conséquences ?

Il est difficile de prédire avec précision les conséquences de telles anomalies. Mais les scientifiques s’inquiètent de constater ces hausses de température à cette période de l’année, particulièrement au pôle Sud. « Les températures actuellement observées dans certaines parties de l’Antarctique seraient anormalement élevées pendant l’été, et ce n’est décidément pas l’été là-bas », a écrit le spécialiste du climat Zeke Hausfather sur Twitter.

Un cercle vicieux

Globalement, la diminution du couvert de glace est une très mauvaise nouvelle pour le climat. Celui-ci permet de refléter les rayons du soleil. Moins de glace signifie que la mer absorbe alors la chaleur du soleil, ce qui aggrave le réchauffement planétaire, entraînant du même coup une accélération de la fonte des glaces. C’est l’un des points de rupture à éviter, disent les scientifiques depuis de nombreuses années.

Le « glacier de l’Apocalypse »

PHOTO BRITISH ANTARCTIC SURVEY / ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le glacier Thwaites, en Antarctique, a la taille de la Floride.

Le réchauffement des pôles fait évidemment craindre le pire pour la fonte des glaces qui recouvrent ces deux régions. Au début du mois de janvier, une équipe d’une trentaine de scientifiques a pris la mer en direction de l’Antarctique. Leur objectif ? Étudier le glacier Thwaites, surnommé le « glacier de l’Apocaplypse ». S’il venait à disparaître, ce glacier, qui a la taille de la Floride, pourrait à lui seul augmenter le niveau des océans de 65 cm. Les scientifiques ont en effet constaté que Thwaites s’effondre plus rapidement que prévu, ce qui peut aussi avoir de fâcheuses conséquences pour tout le continent antarctique.

Une autre « alerte » du GIEC

Dans son dernier rapport, dévoilé le 28 février, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) a affirmé que « l’étendue et l’ampleur des impacts des changements climatiques sont plus importantes » que celles qui étaient estimées dans les précédentes évaluations. Le rapport a été préparé par 270 experts et scientifiques provenant de 67 pays.

Avec l’Agence France-Presse