(Washington) Les autorités américaines ont annoncé lundi vouloir durcir dans les années à venir les normes de pollution des véhicules lourds, dont les émissions dangereuses pour la santé affectent en priorité des populations défavorisées.

« En Amérique, on estime que 72 millions de personnes vivent près d’axes de fret utilisés par des camions, et elles ont davantage de chances d’être des personnes de couleur ou à faibles revenus », a déclaré dans un communiqué le patron de l’Agence pour la protection de l’environnement (EPA), Michael Regan.

Les nouvelles règles proposées s’attaquent en premier lieu aux émissions d’oxyde d’azote (NOx), des gaz connus pour causer de l’asthme ou des maladies respiratoires, et dont les véhicules lourds sont les principaux émetteurs. La dernière norme sur la question date d’il y a 20 ans.

Si elles sont effectivement adoptées, ces nouvelles limites concerneront les véhicules construits à partir de 2027. Les autorités estiment que les émissions d’oxyde d’azote par les camions seraient ainsi réduites de jusqu’à 60 % d’ici 2045.  

De plus, toujours à partir de 2027, l’EPA prévoit de nouvelles normes pour les émissions de gaz à effet de serre de certains secteurs : bus scolaires et de transport, véhicules de livraison…  

L’agence a également dit vouloir s’attaquer séparément aux émissions de gaz à effet de serre des véhicules lourds, mais cette fois pour les modèles construits à partir de 2030.

Selon les autorités, d’ici 2045, ces mesures annoncées lundi permettraient d’éviter 2100 morts prématurées, près de 7000 visites à l’hôpital, et 1,1 million de jours d’écoles manqués.  

« Pas assez loin »

Mais pour l’« Union des scientifiques préoccupés » (UCS), ONG traitant notamment des questions environnementales, ces annonces ne vont « pas assez loin ».

Les normes fédérales proposées concernant les NOx sont « en retard sur les normes de certains États », notamment la Californie, a déclaré dans un communiqué Johanna Chao Kreilick, présidente de l’UCS.

Elles offrent ainsi « des réductions d’émissions polluantes insuffisantes et échouent à exiger l’adoption de camions à zéro-émissions », une alternative possible si le déploiement de camions électriques était encouragé, a-t-elle souligné.

Par ailleurs, le gouvernement a annoncé lundi plus de 1,4 milliard de dollars pour aider les États et villes à acheter des bus électriques construits aux États-Unis pour leurs réseaux de transport en commun, et former les chauffeurs à les utiliser.  

Cet investissement, qui fait partie du grand plan de modernisation des infrastructures voté l’année dernière, créera « de bons emplois, des emplois d’avenir », a déclaré la vice-présidente Kamala Harris lundi.

L’EPA a enfin annoncé 17 millions de dollars dédiés à l’achat de bus scolaires électriques, en plus des 5 milliards déjà annoncés à cet effet dans le cadre de la loi sur les infrastructures.