Semer ou planter des végétaux de chez nous est écologiquement plus avantageux que d’opter pour des végétaux venus d’ailleurs.

Les plates-bandes sont bien garnies chez Jérémy Bordage, mais elles sont très différentes de celles de ses voisins.

Les violettes communes jouxtent les géraniums de Robert et les feuilles vertes du gingembre du Canada, non loin d’iris versicolores, l’emblème floral du Québec.

Tous ces végétaux sont indigènes, originaires d’ici.

Et comme ils sont naturellement présents chez nous, ils favorisent la biodiversité et ont ainsi un plus grand apport écologique que des plantes horticoles exotiques.

Les végétaux indigènes sont notamment prisés des insectes pollinisateurs, du moins ceux qui sont présents naturellement, que les fleurs importées n’attirent pas nécessairement.

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Jérémy Bordage affectionne les plantes indigènes du Québec.

« Notre flore offre le plus large temps de floraison », s’enthousiasme Jérémy Bordage.

L’architecte paysagiste de formation, mais « horticulteur de cœur », s’intéresse aux plantes indigènes depuis une quinzaine d’années, mais il a découvert plus récemment leurs vertus écologiques.

La cour uniquement gazonnée lorsqu’il a acheté sa propriété n’abritait pas beaucoup de vie, raconte-t-il, mais les choses ont bien changé.

« La quantité d’insectes d’espèces différentes qui sont apparus, c’est fascinant », dit-il, pendant que quelques sizerins vont et viennent non loin de là, appréciant visiblement l’endroit, eux aussi.

  • Le gingembre du Canada, une espèce indigène comestible

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    Le gingembre du Canada, une espèce indigène comestible

  • Le gingembre du Canada, une espèce indigène comestible

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    Le gingembre du Canada, une espèce indigène comestible

  • La ciboulette, très répandue dans les potagers du Québec, est une plante indigène.

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    La ciboulette, très répandue dans les potagers du Québec, est une plante indigène.

  • Une feuille de sarracénie pourpre, une plante carnivore indigène, remplie d’insectes

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    Une feuille de sarracénie pourpre, une plante carnivore indigène, remplie d’insectes

  • Des géraniums de Robert ornent les plates-bandes devant la maison de Jérémy Bordage.

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    Des géraniums de Robert ornent les plates-bandes devant la maison de Jérémy Bordage.

  • Un gainier du Canada embellit la cour avant de Jérémy Bordage.

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    Un gainier du Canada embellit la cour avant de Jérémy Bordage.

  • Jérémy Bordage possède plusieurs variétés de fougères indigènes.

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    Jérémy Bordage possède plusieurs variétés de fougères indigènes.

  • Une fleur de polémoine rampante

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    Une fleur de polémoine rampante

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Certaines plantes sont comestibles, comme le gingembre du Canada ou la ciboulette, d’autres sont carnivores, comme la sarracénie pourpre, et attrapent les insectes.

Équilibre naturel

En ayant évolué ensemble, les végétaux indigènes ont développé un écosystème équilibré, où les différentes espèces interagissent et comblent mutuellement leurs besoins, explique Claude Drolet, de l’organisation Conservation de la nature Canada, qui invite les gens à garnir leurs plates-bandes et leurs cours de plantes indigènes, ce printemps.

« Les végétaux indigènes sont plus adaptés, vont donner de la nourriture à une plus grande diversité d’insectes », explique-t-il.

Les prédateurs qui se nourrissent de ces plantes servent eux-mêmes de nourriture à d’autres insectes ou animaux.

« J’ai des pucerons, mais j’ai des prédateurs qui viennent les manger », illustre Jérémy Bordage.

Le jardin devient un écosystème qui s’autorégule.

Jérémy Bordage

Le Lavallois de 32 ans a planté et semé plus d’une centaine de végétaux indigènes dans sa cour et devant sa maison, depuis qu’il en a fait l’acquisition, il y a trois ans, ce qui lui vaut d’être qualifié de « craqué de plantes » par ses proches.

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Jérémie Bordage fait ses propres semis de plantes indigènes.

Il a même démarré un groupe Facebook, Aménagement flore Québec, où peuvent échanger d’autres passionnés comme lui, ou de simples curieux.

Contrer les envahisseurs

Avoir autant de plantes n’accapare pourtant pas tout son temps, puisque les plantes indigènes se partagent bien l’espace.

« C’est carrément moins de gestion de jouer avec l’indigène, affirme Jérémy Bordage. Dans une plate-bande bien remplie, il y a peu de chance de voir des indésirables s’installer. »

Opter pour des plantes indigènes est d’ailleurs une excellente façon d’éviter de se retrouver avec des espèces envahissantes, dont certaines sont toujours vendues en pépinière, souligne Claude Drolet, lui-même expert de la lutte contre les espèces exotiques envahissantes.

« Les végétaux indigènes ont très peu tendance à être envahissants [...], ils ne réduiront pas la biodiversité », dit-il, précisant qu’ils peuvent toutefois être colonisateurs.

À l’opposé, bien des plantes exotiques n’ont pas de prédateurs chez nous – tout comme les plantes d’ici peuvent causer des problèmes ailleurs.

Il n’y a pas d’animaux qui sont capables de les consommer et d’en réduire la propagation, ces espèces-là vont juste se répandre.

Claude Drolet, de Conservation de la nature Canada, à propos de nombreuses plantes exotiques

Claude Drolet donne l’exemple du nerprun cathartique, une espèce européenne d’arbuste horticole qui est devenue un véritable fléau au Québec.

« C’est le plus envahissant », lâche-t-il.

En plus d’étouffer la végétation indigène, explique Claude Drolet, le nerprun vit en étroite relation avec des vers de terre exotiques qui dénaturent le sol, ce qui restreint la capacité d’autres insectes d’y vivre, avec tous les impacts qui s’en suivent sur le reste de la chaîne alimentaire. Ainsi s’affaiblit la biodiversité.

Où les trouver ?

Certaines pépinières se spécialisent dans la production et la vente de plantes indigènes, mais il est possible d’en trouver aussi dans la plupart des centres de jardinage, notamment dans 19 centres de jardinage des magasins Provigo et Maxi du Québec, à la suite d’un partenariat entre Loblaw et le Fonds mondial pour la nature (WWF). Les plants proviennent du producteur québécois Aiglon Indigo. Le Jardin botanique de Montréal offre sur son site internet un répertoire d’une quarantaine de plantes indigènes du Québec pour guider les jardiniers amateurs. Elles sont classées en fonction de leur besoin en luminosité. Il faut toutefois aussi penser au type de sol qui leur convient le mieux.

> Consultez le site d’Espace pour la vie Montréal