Un décompte aérien l’hiver dernier a révélé que la réserve faunique La Vérendrye abritait moins d’orignaux qu’avant. Les quotas de chasse sportive seront donc réduits de moitié et des discussions sont en cours au sujet de la chasse de subsistance par les Algonquins. L’an dernier, certains d’entre eux avaient érigé des barricades dans le parc en réclamant un moratoire sur la chasse sportive.

« On a dénombré 2075 orignaux dans la réserve faunique La Vérendrye, dont 60 % de femelles », explique André Dumont, responsable de l’orignal au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP). « La densité a diminué de 3,2 à 2,06 orignaux par 10 km2 depuis 2008. Mais comme les territoires ne sont pas exactement les mêmes, il faut être prudent. On est quand même assez certains qu’il y a réellement une baisse de la densité. Quant à savoir si on est inquiets, non, l’habitat est bon. Et le succès de chasse, soit la proportion des groupes qui arrivent à abattre un orignal, est de 50 %, ce qui est supérieur à d’autres régions où l’orignal se porte bien. Le succès de chasse est un indicateur de la santé d’une population. »

En 1994, dans un territoire semblable à ceux des dénombrements de 2008 et 2020, la densité était de 2,8 orignaux par 10 km2.

Les deux quotas de chasse sportive à l’orignal – le nombre de groupes de chasseurs accueillis par la SEPAQ et le nombre de permis de chasse à la femelle orignal adulte – ont diminué. La SEPAQ accueillera l’automne prochain 175 groupes plutôt que 200, et le nombre de permis autorisant à abattre une femelle aura passé de 200 à 100. L’an dernier, 87 orignaux, dont 12 femelles, avaient été abattus, beaucoup moins que ce que permettent ces quotas.

Marc Renaud, président de la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs, appuie cette décision.

S’il faut diminuer les quotas pour préserver la population, on ne peut pas être contre ça.

Marc Renaud, président de la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs

Le nombre d’orignaux abattus est plus élevé à cause de la chasse de subsistance par les Algonquins. « On n’a pas de données sur la chasse de subsistance, mais en général, pour préserver une population, on ne doit pas abattre plus de 15 % des individus, dit M. Dumont. Ça donne plus de 300 orignaux pour la réserve faunique La Vérendrye. C’est un peu délicat, mais on sait qu’avec la chasse sportive, on a une récolte de 90 orignaux. On ne montre pas du tout du doigt les communautés autochtones, mais c’est sûr qu’une bonne partie de la récolte est due à la chasse de subsistance. »

Cela dit, plusieurs autres facteurs, en plus de la chasse, peuvent influencer les populations d’orignaux, dont le nombre est passé de 55 000 à 125 000 au Québec depuis 1993. « On a eu trois très, très gros hivers, dit M. Dumont. Mais la population dans les zones limitrophes s’est maintenue. »

Chasse de subsistance

Des discussions sont en cours avec les représentants des Algonquins pour chiffrer la chasse de subsistance, selon André Dumont. Marc Renaud, de la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs, estime lui aussi que la collaboration est meilleure qu’avant avec les Algonquins. « Mais on a entendu dire qu’ils ne sont pas tous ensemble, dit M. Renaud. Un petit groupe qui avait fait des barrages l’an passé ne serait pas satisfait de la diminution des quotas. On voit des autochtones des États-Unis qui ne sont pas Algonquins qui viennent chasser à La Vérendrye. Des fois, la subsistance a le dos large. »

PHOTO TIRÉE DU COMPTE FACEBOOK DE CHEYANNE RICE-JEROME

En septembre 2019, des membres de la communauté algonquine du lac Barrière ont manifesté à l’entrée de la réserve faunique La Vérendrye pour réclamer un moratoire sur la chasse sportive.

M. Dumont, du MFFP, a orienté La Presse vers John Boudrias, agent de communications du Conseil tribal de la nation algonquine anishinabeg, qui était aussi le point de contact pour les discussions sur un moratoire sur la chasse sportive avec le Ministère l’automne dernier. M. Boudrias n’a pas rappelé La Presse malgré des messages laissés au bureau du Conseil tribal et sur son téléphone personnel, vendredi et samedi.

La chasse sportive en chiffres

• 227
Nombre de groupes de chasse sportive à l’orignal dans la réserve faunique La Vérendrye en 2019

• 74
Nombre d’orignaux mâles adultes abattus par des chasseurs sportifs dans la réserve faunique La Vérendrye en 2019

• 12
Nombre d’orignaux femelles adultes abattus par des chasseurs sportifs dans la réserve faunique La Vérendrye en 2019

• 1
Nombre de faons abattus par des chasseurs sportifs dans la réserve faunique La Vérendrye en 2019

Source : ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs