(Québec) Québec allongera « des sommes records » de 6,7 milliards sur six ans pour mener la lutte aux changements climatiques. Et signe de l’ambition du gouvernement Legault, c’est le ministère de l’Environnement qui bénéficiera du plus fort taux de croissance des dépenses dès cette année, avec une hausse de 32,9 %.

François Legault ne s’en cachait pas depuis les derniers mois : l’année 2020 sera celle de l’environnement. Il offre ainsi à son ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charrette, un total de 6,2 milliards pour déployer son Plan pour une économie verte (PEV), qui doit être dévoilé ce printemps.

Près de 500 millions additionnels seront également consacrés à un train de mesure visant la protection de l’environnement.

« C’est de loin le plus beau budget en environnement que le Québec ait connu », s’est exprimé M. Charrette. « On a confirmé [lundi] les moyens budgétaires, maintenant le détail va venir dans les prochaines semaines avec le dévoilement de la politique-cadre […] mais tous les signaux sont au vert pour aller de l’avant », a-t-il ajouté.

C’est donc un financement moyen de plus d’un milliard par année qui sera injectée par Québec pour l’environnement, ce qui vient doubler les investissements annuels précédents du Plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques qui prévoyait des dépenses moyennes de 526 millions par an.

Du montant de 6,2 milliards, quelque 4,1 milliards proviennent des revenus du marché du carbone, versés dans le Fonds vert. Québec ajoute ainsi 2,1 milliards d’argent frais pour bonifier « son action climatique » et parvenir à atteindre sa cible de réduction d’émissions de GES de 37,5 % par rapport au niveau de 1990 d’ici 2030.

« On se donne les moyens financiers pour atteindre notre cible », a assuré le ministre des Finances, Éric Girard. Sans grande surprise, c’est le secteur des transports qui présente le plus important potentiel de réduction de GES (avec 57 %) et qui donc, touchera la part du lion en termes d’investissements avec 3,8 milliards d’ici 2026.

Québec prévoit notamment 1,5 milliard pour soutenir l’électrification des véhicules légers. À ce chapitre, le gouvernement Legault dit offrir « un financement stable » de 1,4 milliard d’ici 2026 au programme Roulez vert pour encourager l’achat de véhicules électriques. Quelque 1,1 milliard sera aussi offert au secteur industriel pour favoriser la décarbonisation des entreprises.

Priorité : transport collectif

Mais, c’est surtout sur le transport collectif qu’entend miser le gouvernement de la Coalition avenir Québec pour atteindre ses visées environnementales.

Des montants de 15,8 milliards (dont 2,2 milliards réservés pour financer les projets à l’étude) ont déjà été prévus au Plan québécois d’infrastructures (PQI) 2020-2030 pour « bonifier » l’offre de services de transport en commun, dont le prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal et le projet tramway à Québec.

« Le transport, c’est 45 % de nos émissions de GES alors il a été convenu au départ d’y accorder une importance réelle », a expliqué le ministre Charrette. « Ce qui est réconfortant pour moi, c’est que le financement de transport collectif va se faire largement à travers le PQI et non pas à travers les revenus du Fonds vert. »

Le projet de tramway dans la Capitale nationale s’ajoute aux cinq autres grands projets « structurants de transport collectif électrique » dans la mire du gouvernement. À eux seuls, ces projets, qui sont tous au stade d’étude sauf celui de Québec qui en est à la planification, sont estimés à 43,8 milliards.

Le gouvernement utilise d’ailleurs cet impressionnant montant pour rêver à l’atteinte de l’équilibre entre les investissements faits au Québec dans le transport collectif et dans celui dans le réseau routier (42,5 milliards).

Sauf que la hauteur de la participation de Québec dans ces projets de 43,8 milliards est loin d’être connue. D’autres partenaires financiers, Ottawa notamment, devront aussi délier les cordons de leur bourse. On indique que les sommes nécessaires à la réalisation de ces ambitieux projets « seront prévues » en « temps opportun ».

« Il n’est pas anormal que du côté du transport routier, il y ait encore plus d’argent », a indiqué le président du Conseil du Trésor, Christian Dubé. « La plupart des grands projets de transports dont on parle sont à l’étude ou en planification », a-t-il ajouté, se risquant à envisager un équilibre d’ici cinq ans.

Six grands projets

Québec : projet de tramway, planification

Gatineau : projet de transport entre l’ouest de Gatineau et le centre-ville d’Ottawa, à l’étude

Montréal : projets de transport pour relier l’est, le nord-est et le sud-ouest de Montréal au centre-ville, à l’étude

Laval : projet de transport pour prolonger le REM vers le centre de Laval et relier l’est et l’ouest de Laval, à l’étude

Longueuil : projet de transport dans les axes du boulevard Taschereau et du prolongement de la ligne jaune du réseau du métro, à l’étude

En Montérégie : projet de transport pour relier le REM sur la Rive-Sud pour desservir le secteur de Chambly–Saint-Jean-sur-Richelieu, à l’étude

En bref

Roulez vert

Dans le programme Roulez vert, Québec assure le financement jusqu’au 31 mars 2021 des rabais pouvant atteindre 8000 $ à l’acquisition d’un véhicule électrique et 4000 $ à l’achat d’un véhicule d’occasion entièrement électrique.

Chauffez vert

Québec investit un financement additionnel de 150 millions jusqu’en 2026 afin de maintenir le programme Chauffez vert, volet résidentiel et commercial, encourager le remplacement d’un chauffage utilisant un combustible fossile.

Pesticides

Québec prévoit 125 millions sur cinq ans pour la mise en œuvre du Plan d’agriculture durable qui doit être déposé par le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, notamment pour encadrer l’usage des pesticides.

Recyclage

Le gouvernement prévoit 6 millions sur trois ans pour diversifier les débouchés pour le plastique recyclé à l’heure où le recyclage du plastique présente de nombreux défis dans les centres de tri du Québec.

Inondation

Une somme de 473 millions est prévue pour mettre en place des solutions conçues en concertation avec le milieu municipal et la communauté scientifique pour réduire l’incidence des inondations sur les communautés.