C’est un défi immense, mais aussi une occasion historique. Une soixantaine de groupes exhortent le gouvernement canadien à passer à l’action et proposent un « New Deal » vert pour contrer le réchauffement climatique. La Presse en a discuté avec l’auteur et metteur en scène Dominic Champagne, un des acteurs de l’initiative.

S’inspirer du président Roosevelt

Réclamant une « transition rapide, inclusive et ambitieuse » afin de réduire « radicalement » les émissions de gaz à effet de serre, le « New Deal » vert fait référence au nom qui a été donné aux politiques interventionnistes du président étatsunien Franklin Roosevelt au lendemain de la Grande Dépression, dans les années 30. « C’est un sens de l’intérêt collectif, de la protection du bien commun, qui a permis à l’économie de se redresser et à la société de redémarrer » à l’époque, rappelle Dominic Champagne, qui souhaite que l’initiative donne l’élan aux décideurs politiques et économiques pour établir « un nouveau contrat social ».

Un geste pancanadien

Le « New Deal » vert est « un geste pancanadien » inspiré par le Pacte pour la transition, résume Dominic Champagne. Il s’adresse au gouvernement, mais aussi à l’industrie, qui « a une influence extraordinaire sur le pouvoir politique », dit-il. « On le voit avec Justin Trudeau, qui a été élu sur la base de cesser de subventionner l’industrie des énergies fossiles, [mais qui n’y parvient pas]. » Le metteur en scène insiste : la solution ne peut reposer que sur les épaules des citoyens. « Nous allons faire notre part, en échange de quoi on exige des politiques publiques [efficaces]. »

Une question de santé…

L’enjeu ne se limite pas aux émissions de gaz à effet de serre, prévient Dominic Champagne. « Ce qui est en jeu, c’est la qualité de l’eau qu’on boit, de l’air qu’on respire, de la terre dont on se nourrit et de l’atmosphère qu’on habite », lance-t-il, soulignant la publication, hier, d’un rapport alarmant des Nations unies sur la biodiversité. « Il y a des enjeux de santé physique et de santé mentale », poursuit-il, évoquant l’éco-anxiété dont de nombreux jeunes et moins jeunes disent souffrir. « Ne pas en parler, ce serait faire le jeu de ceux qui ont intérêt à ce que [rien ne change]. »

… et de justice sociale

Le « New Deal » vert fait le postulat que les enjeux liés à la crise climatique sont aussi sociaux, évoquant les inégalités économiques, la précarité du travail, la montée du racisme. Dominic Champagne donne l’exemple des victimes des inondations actuelles au Québec, « qui ne s’en sortiront pas de la même manière » selon leur situation économique. Si les moins nantis se retrouvent à « porter le fardeau » de la lutte contre les changements climatiques davantage que « ceux qui profitent de l’exploitation des richesses naturelles », le combat est voué à l’échec, croit-il. « Il n’y a pas de règlement digne de ce nom de la crise climatique sans justice sociale. »