Une première aux États-Unis : Cambridge, en banlieue de Boston, construira des pistes cyclables protégées dans des rues qui devront faire l’objet de travaux de réfection, une politique pensée pour rendre sûrs les déplacements à vélo pour toute la famille.

Se déplacer à bicyclette sera bientôt plus attrayant et sûr à Cambridge, près de Boston : la ville est la première aux États-Unis à se doter d’une politique de construction de pistes cyclables protégées dans des rues devant faire l’objet d’une réfection.

« Chercher à augmenter l’utilisation du vélo est extrêmement approprié dans notre ville, qui est la quatrième des États-Unis pour la densité, a déclaré le conseiller municipal Dennis Carlone. Les déplacements à vélo entraînent une meilleure santé, un environnement plus propre et même une augmentation des ventes chez les commerçants. »

Voté à l’unanimité, le nouveau règlement oblige la Ville à ériger des barrières verticales entre les cyclistes et les voitures sur les routes reconstruites qui font partie d’un réseau de 32 km connu sous le nom de Cambridge Bicycle Plan.

Selon Nathanael Fillmore, porte-parole de l’organisation Cambridge Bicycle Safety, la nouvelle loi va mettre fin à un immobilisme longtemps observé lorsqu’il était question de la construction d’infrastructures cyclables.

« La Ville s’était dotée d’un plan de réseau cyclable il y a quelques années, mais rien ne bougeait, dit-il en entrevue. La nouvelle loi vient obliger l’appareil municipal à passer à l’action, et c’est une excellente nouvelle. »

PHOTO GRETCHEN ERTL, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Avec 113 000 habitants, Cambridge possède deux des plus grands établissements d’enseignement des États-Unis : l’Université Harvard (notre photo) et l’Institut de technologie du Massachusetts (MIT), qui comptent plus de 22 000 et 11 000 étudiants respectivement.

L’automobile avant tout

Avec 113 000 habitants, Cambridge possède deux des plus grands établissements d’enseignement des États-Unis : l’Université Harvard et l’Institut de technologie du Massachusetts (MIT), qui comptent plus de 22 000 et 11 000 étudiants respectivement.

Environ un ménage sur trois comprend un membre qui utilise son vélo plusieurs fois par mois pour se déplacer, selon un récent sondage téléphonique mené par la Ville. Or, les infrastructures routières cherchent avant tout à accueillir les gens qui se déplacent en voiture, et les cyclistes en paient le prix avec leur sécurité, note M. Fillmore.

« La majorité des gens que je connais qui utilisent leur vélo ont soit été blessés, soit été impliqués dans une collision. C’est fou ! Vous ne devriez pas mettre votre vie en danger parce que vous utilisez votre vélo pour aller étudier ou travailler. »

— Nathanael Fillmore, porte-parole de Cambridge Bicycle Safety

« On peut faire mieux. Créer des voies cyclables protégées du trafic automobile va certainement aider. »

Le groupe note que les pistes cyclables séparées du trafic automobile entraînent une diminution de 40 % du nombre de collisions.

C’est une organisation communautaire efficace et constante qui a permis de mettre en place la nouvelle loi, note M. Fillmore. « Depuis trois ans, nous avons mené une série de pétitions, de manifestations, de campagnes de courriels, de lettres et de rencontres avec les élus et les employés municipaux. C’est un effort concerté par des citoyens qui veulent que la ville reflète la volonté et les besoins de ses habitants. Et c’est un modèle qui peut être appliqué ailleurs dans le monde. »

Montréal attend le REV

À Montréal, l’administration de Valérie Plante a l’intention d’implanter un Réseau express vélo (REV), qui était l’un des piliers de sa campagne électorale de 2017. Construit entre 2019 et 2021, le réseau comprendrait sept pistes cyclables protégées sur autant de grands axes de la ville, permettant aux citoyens de tous âges et de tous les niveaux d’habileté qui veulent se déplacer à vélo d’avoir un accès sûr aux quartiers centraux. Des consultations publiques ont eu lieu l’automne dernier. On ne connaît pas encore le tracé définitif du REV. Aujourd’hui, 3,6 % des déplacements dans l’île sont faits en vélo, selon l’enquête Origine-Destination 2017, une proportion que l’administration municipale veut faire passer à 15 %.

Amsterdam, ville de « chars »

Amsterdam, ville de « chars » ? C’était le cas il n’y a pas si longtemps. En effet, des villes aujourd’hui associées à la pratique massive du vélo comme Amsterdam et Copenhague ont longtemps été pensées exclusivement en fonction des besoins des gens qui se déplacent en voiture. Par exemple, entre 1950 et 1980, la part modale des déplacements à vélo a reculé de près de 66 % à Amsterdam, plus que jamais congestionné par la circulation automobile. C’est un ras-le-bol populaire, notamment mené par des associations d’enfants, qui a poussé les élus à restreindre le tout-à-l’auto et à mettre en place l’infrastructure que l’on connaît aujourd’hui.