S'il est porté au pouvoir, François Legault veut «essayer» d'obtenir des points d'impôt d'Ottawa pour régler un déséquilibre fiscal qu'il n'a pas été en mesure de chiffrer mardi.

« On ne s'est pas donné d'échéancier » pour toucher une part de l'assiette fiscale fédérale, « donc ça pourrait aller dans un deuxième mandat », a indiqué le chef caquiste au sujet d'une revendication qu'il plaçait pourtant parmi ses priorités dans son « plan nationaliste »  de 2015.

Comme dans une entrevue accordée à La Presse avant le déclenchement des élections, M. Legault met la pédale douce sur cet ambitieux plan vis-à-vis Ottawa.

Avec sa « Déclaration de Laval », comme on le disait à la CAQ en 2015 pour marquer l'importance de sa prise de position, le chef caquiste annonçait son ambition d'obtenir, « par étapes », plus de pouvoirs et plus d'autonomie pour le Québec.

La première étape impliquant des négociations avec Ottawa concernait la conclusion d'ententes administratives. Le sujet en tête de liste : un transfert de points d'impôts, donc d'une partie de l'assiette fiscale d'Ottawa.

François Legault n'a pas pris d'engagement ferme sur le sujet en conférence de presse mardi. « C'est dans les premières étapes (...), les premières demandes qu'on va faire » à Ottawa, a-t-il répondu. « On va essayer » d'avoir des points d'impôt d'Ottawa. Prend-t-il l'engagement d'obtenir gain de cause dans un premier mandat ?  « On ne s'est pas donné d'échéancier. Donc ça pourrait aller dans un deuxième mandat », a-t-il indiqué.

En 2015, il affirmait que les premières étapes pourraient être réalisées à l'intérieur d'un mandat. Il n'excluait pas qu'il en faille deux pour compléter les autres étapes, en particulier les dernières qui impliquent des changements à la Constitution - afin de reconnaître le Québec comme nation ou d'accorder un droit de veto au Québec sur toute modification constitutionnelle. Il précisait que le tout se terminerait par un référendum pour que la population avalise les réformes constitutionnelles. On comprend que cela ne surviendrait que dans un éventuel deuxième mandat caquiste.

En 2015, François Legault disait que son plan nationaliste implique qu'Ottawa cède à Québec au moins 15 milliards de dollars (transfert de points d'impôt, de fonds pour les infrastructures, de budgets en culture).

Pour le chef caquiste, « il y a un déséquilibre fiscal » entre Ottawa et Québec. À combien l'évalue-t-il ? « Je n'ai pas les chiffres en tête », a-t-il répondu.

Il a précisé que ce déséquilibre ne concerne pas les transferts de péréquation, mais les autres, comme celui sur la santé. L'argent en provenance d'Ottawa n'augmente pas au même rythme que les dépenses en santé des provinces, a-t-il laissé entendre. « Ce serait préférable que chaque gouvernement collecte les impôts dont il a besoin », selon lui.

Que ferait-il si Ottawa lui disait non ? « On va y aller graduellement, avec l'appui de l'ensemble des Québécois, de la majorité des Québécois », s'est-il contenté de répondre.

Le chef caquiste a identifié deux autres « premières demandes » qu'il ferait au fédéral : obtenir la gestion du programme de réunification familiale en matière d'immigration et assujettir à la loi 101 les entreprises à charte fédérale, comme les banques. 

François Legault a été piqué au vif lorsqu'un journaliste lui a demandé s'il « cache » son plan nationaliste dans la mesure où celui-ci ne fait pas partie des idées mises de l'avant sur le site web de la CAQ. « Pas du tout. La CAQ est un parti nationaliste. C'est le Québec d'abord, à l'intérieur du Canada. Je vais le répéter, répéter, répéter. »