Un tireur actif potentiel a forcé vendredi le confinement des élèves et du personnel du collège Lionel-Groulx, à Sainte-Thérèse, pendant près de quatre heures. Il s’agissait du troisième confinement d’un cégep en une semaine.

Après un confinement de près de quatre heures vendredi, les élèves et le personnel du collège Lionel-Groulx, à Sainte-Thérèse, ont enfin pu quitter leur local. « Nous confirmons que les lieux et les personnes ont été sécurisés, qu’aucun acte criminel n’a été commis au collège Lionel-Groulx au cours des dernières heures, aucun blessé et aucune arrestation », a indiqué la Régie intermunicipale de police Thérèse-De Blainville (RIPTB).

Un appel avait été fait vers 13 h 35 vendredi à la RIPTB signalant la présence « d’un individu possiblement armé » près du collège Lionel-Groulx, ont indiqué les autorités.

À la demande de la police, un code blanc a été lancé à l’interphone du cégep en début d’après-midi donnant l’ordre aux élèves et aux enseignants de se confiner ou d’évacuer le bâtiment aux sorties de secours à proximité. Un tel code est déclenché lorsqu’un individu présente un comportement agressif, menaçant ou violent qui pourrait entraîner des risques pour sa propre sécurité ou celle des autres.

Une alerte a été envoyée aux élèves et au personnel peu après 14 h, a confirmé l’établissement à La Presse. « Toutes les personnes présentes au Collège doivent se confiner à l’intérieur de leur local jusqu’à nouvel ordre. Si vous êtes sur les terrains à l’extérieur du Collège, vous devez quitter immédiatement », indiquait l’alerte.

Vers 17 h 45, des élèves ont commencé à quitter l’établissement, certains sans veste ni manteau. « On n’a pas le droit d’aller à nos casiers », a dit Julianne Gaudreau, qui ne portait qu’un vêtement à manches courtes sur le trottoir devant le cégep.

« C’est des affaires qui semblent arriver seulement ailleurs, mais là on voit que ça peut arriver ici, en plus des deux autres cégeps la semaine passée », a commenté Olivier Chênevert.

Les deux camarades ont été enfermés dans leur salle de classe au troisième étage dès l’ordonnance de confinement lancée.

On a empilé une dizaine de bureaux devant la porte et on a attendu plus de trois heures. Barricadés et les lumières fermées.

Olivier Chênevert, étudiant au Collège Lionel-Groulx

Une vidéo qui circulait montrant un homme muni de ce qui pouvait avoir l’air d’une arme longue près du collège en a inquiété plus d’un entre les murs de l’établissement qui avaient accès à leur téléphone cellulaire. « Moi, je me suis mise à pleurer. On n’avait pas assez d’information », a confié Julianne Gaudreau.

Un policier sur place a été en mesure de confirmer à La Presse que son service avait également reçu la vidéo.

Zachary Frappier, un élève, s’est immédiatement réfugié dans la bibliothèque de Sainte-Thérèse avec ses amis après l’alerte, pour se tenir au chaud. « Au début, on était tous inquiets parce qu’on ne savait pas ce qui se passait vraiment. Au fur et à mesure que l’on comprenait qu’il y avait moins de risque, le stress descendait », a-t-il admis.

Quand La Presse a rencontré le jeune homme, il attendait son frère, enfermé dans le cégep depuis plus de trois heures. « Il va bien. Il est avec un de ses amis [dans un local]. Ils ont mis des bureaux devant pour être certains [d’être protégés] », a-t-il souligné.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Le suspect toujours recherché

En mêlée de presse, la RIPTB a indiqué qu’elle avait reçu un appel concernant un individu « aux allures suspectes » qui circulait dans le secteur du collège Lionel-Groulx.

Les premières informations qui nous sont parvenues étaient qu’il pouvait possiblement être armé. Vous comprendrez que, dans les circonstances, aucune chance n’a été prise.

Luc Larocque, inspecteur-chef à la Régie intermunicipale de police Thérèse-De Blainville

La police recherche toujours l’individu apparaissant dans la vidéo. « Je tiens à préciser qu’on n’a aucune information selon laquelle le suspect serait entré dans le collège », a souligné M. Larocque.

Quelques dizaines d’élèves, de parents et d’enseignants se sont agglutinés devant le collège vers 14 h 30. En début de soirée, plus d’une centaine de personnes étaient toujours barricadées à l’intérieur du cégep. Une quinzaine de personnes âgées qui faisaient de l’aquaforme ont également été confinées.

Plusieurs véhicules de polices et des ambulances ont été déployés autour de l’établissement. En après-midi, des agents lourdement armés ont commencé à inspecter le périmètre du cégep avec des fusils d’assaut. Un policier a également été aperçu à l’intérieur de l’établissement, afin de sécuriser les lieux.

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« Ce n’est pas une pratique »

La situation demeurait calme dans le cégep deux heures après le début du confinement, a souligné Rémi Tremblay, un jeune homme de 18 ans qui s’est retrouvé enfermé dans son cours d’arts visuels avec 16 autres élèves.

« Ça se déroule très bien, c’est calme et notre prof a gardé son sang-froid », a-t-il indiqué dans un message texte envoyé à La Presse à 15 h 45.

Sandra, mère d’une élève, a reçu un message de sa fille vers 13 h 50. « Elle disait : “Maman, il y a un code blanc, on est confinés et c’est pas une pratique.” » Une vingtaine d’élèves se sont cachés dans la salle de classe de sa fille, a-t-elle affirmé.

Selon le président du Syndicat des enseignantes et des enseignants du collège Lionel-Groulx, Denis Paquin, « les cégeps ne sont pas prêts à faire face à ce genre de situation, malheureusement ».

Cette semaine, la direction du collège aurait informé son personnel qu’un plan d’intervention d’urgence serait mis à jour après que deux évènements distincts eurent forcé le confinement du collège Montmorency et du cégep Saint-Jean-sur-Richelieu, vendredi dernier. « Les formations que les enseignants ont reçues commencent à dater un peu », a déploré M. Paquin.