La première mission du ministre de l’Éducation Bernard Drainville sera de rendre les écoles assez attrayantes pour recruter du personnel, estiment syndicats et directions. À la tête d’un immense ministère, M. Drainville devra aussi éviter de « se faire engloutir » par la machine, observe-t-on.

Le député de Lévis, Bernard Drainville, succède à Jean-François Roberge, qui a occupé pendant quatre ans les fonctions de ministre de l’Éducation.

« On connaît M. Drainville, l’animateur de radio, il va falloir connaître le ministre de l’Éducation », dit d’emblée Éric Gingras, président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).

Il estime que le premier chantier du ministre Drainville devra être d’endiguer la pénurie de personnel dans les écoles, ce qui inclut tant les enseignants que les spécialistes ou les éducatrices en service de garde.

Or, le ministère de l’Éducation, « c’est une grosse machine », dit M. Gingras.

Une « très grosse machine », abonde Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE)

« Le ministre ne doit pas se laisser engloutir par la machine, pour qu’on puisse avancer dans des dossiers », dit M. Prévost. Il ne doit pas s’agir de faire des « consultations, après consultation, après consultation ».

« Oui, il doit être proche des gens du terrain, mais il y a des décisions à prendre et il faut trancher », croit M. Prévost.

Lui aussi place la pénurie au cœur des problèmes auquel doit s’attaquer le nouveau ministre. La réussite des élèves devrait aussi être dans sa mire, ajoute-t-il.

S’attarder à la réalité de Montréal

Bernard Drainville devra porter attention à ce qui se passe dans les écoles de Montréal, dit pour sa part Catherine Beauvais-St-Pierre, présidente de l’Alliance des professeurs de Montréal.

« Les préoccupations des milieux montréalais ont trop souvent été ignorées lors du dernier mandat. Il est de plus en plus difficile de faire notre travail : c’est-à-dire enseigner à nos élèves », dit Mme Beauvais-St-Pierre.

Une vision partagée par l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES).

« À Montréal s’ajoutent les défis de la francisation, du déclin du français, de l’accueil et du soutien aux élèves issus de l’immigration et à leurs parents ainsi que des mesures adaptées aux milieux vulnérables », énumère sa présidente Kathleen Legault.

La ministre Déry devra « revaloriser l’enseignement supérieur »

Autre changement de garde : Pascale Déry est nommée à la tête du ministère de l’Enseignement supérieur, un poste laissé vacant par le départ de Danielle McCann de la vie politique.

Le passage de l’ex-journaliste à l’Institut économique de Montréal, de 2016 à 2019, fait sourciller la présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ), Caroline Quesnel.

« Ça nous inquiète un peu dans la perspective qu’on voit poindre la volonté du gouvernement que l’enseignement supérieur soit au service du marché du travail », déplore Mme Quesnel, en référence, notamment, au programme de bourses Perspective qui vise à contrer la pénurie de main-d’œuvre.

La fédération syndicale a « des attentes très importantes de la part du Ministère, qui a fait du surplace pendant 4 ans », souligne la syndicaliste.

Selon elle, le principal défi de Mme Déry sera de « revaloriser l’enseignement supérieur », ce qui passe avant tout par un rehaussement du financement des cégeps et des universités.

Aussi, la pandémie a provoqué des transformations importantes de l’enseignement supérieur qu’il faudra « mieux balisées », ajoute-t-elle.

De son côté, l’Union étudiante du Québec se réjouit de voir le maintien d’un ministère exclusif à l’Enseignement supérieur.

Sa présidente, Samy-Jane Tremblay, espère se mettre rapidement au travail avec la nouvelle ministre. Son dossier le plus urgent sera l’adoption d’un projet de règlement qui diminuerait la contribution des parents dans le calcul de l’aide financière, plaide Mme Tremblay.

Cette modification, proposée sous le mandat de Danielle McCann, bénéficierait à des milliers d’étudiants dont l’aide financière se retrouverait alors bonifiée.

Pour faire face à l’inflation, l’UEQ demande aussi la reconduction de la bonification de 205 $ de l’aide financière, mise en place pendant la pandémie et prolongée jusqu’en 2023.