Le Collège de Maisonneuve se dissocie d’un texte paru dans l’agenda scolaire de cette année et intitulé « Abolir la police : comment ça marche ? », au moment où le Québec connaît une recrudescence des crimes par armes à feu.

Dans un communiqué diffusé mercredi, le Collège précise qu’il « n’est pas impliqué dans la production de cet agenda » et qu’il n’est pas non plus « consulté et n’a pas de droit de regard sur son contenu ».

Il revient plutôt à la Société générale des étudiantes et étudiants du Collège de Maisonneuve (SOGÉÉCOM), l’association étudiante du cégep, de décider du contenu de cet agenda distribué à tous les élèves à la rentrée.

Le Collège de Maisonneuve rappelle aussi qu’il n’approuve pas la publication du texte sur le corps policier, « [puisqu’il] contribue lui-même par son programme en Techniques policières à former des policiers ».

« La police est inefficace »

« Ce n’est pas seulement que la police est inefficace. Dans nos communautés, les forces policières sont la plupart du temps carrément nocives. L’histoire de la police – en Amérique du Nord et ailleurs – est une histoire de violence contre les personnes marginalisées », dit, entre autres, le texte paru dans l’agenda étudiant.

Ses auteurs y appellent à une redistribution des sommes affectées aux forces policières vers « des structures communautaires basées sur la sécurité, le soutien et la prévention ».

« Le “travail” des forces policières consiste surtout en des contrôles routiers inutiles, l’arrestation des consommateurs de drogues non violents, le harcèlement des personnes noires et racisées, et la gestion superflue de délits mineurs », peut-on également lire.

Depuis 20 ans

De son côté, la SOGÉÉCOM répond avoir été surprise de la sortie du Collège puisque des textes remettant en question le rôle de la police – dont certains signés par le Comité opposé à la brutalité policière (COBP) – sont publiés dans l’agenda scolaire depuis plus de 20 ans.

« On publie des textes politiques variés qui s’inscrivent dans les mandats adoptés en Assemblée générale et on a notamment des mandats d’opposition à la brutalité policière », explique la déléguée à la coordination du conseil exécutif de la SOGÉÉCOM, Julie Briand.

Quant à la décision de publier ce texte dans le contexte actuel de violence armée à Montréal, la déléguée affirme que le moment ne pourrait être mieux choisi pour remettre en question l’approche des autorités. « On trouve même que c’est une bonne idée parce que ce texte parle d’un changement institutionnel visant à améliorer le vivre-ensemble, dit Julie Briand. Ça s’inscrit dans un débat sain : comment régler ce problème-là [de la violence armée] ? »

La SOGÉÉCOM n’entend pas retirer le texte en question de l’agenda scolaire. « On pense que c’est important de préserver la liberté d’expression quant aux questions sur la police », précise Julie Briand.