Québec a décidé de limiter à 2 % à 3 % en moyenne la hausse de la taxe scolaire, qui allait être marquée pour certains cette année. Il versera 173 millions de dollars aux centres de services scolaires pour compenser le manque à gagner.

Le ministre des Finances, Eric Girard, en a fait l’annonce mercredi, après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres. Il y voit une façon d’« aider les Québécois à mieux faire face à l’augmentation du coût de la vie ».

Concrètement, le taux de taxe scolaire, que le gouvernement Legault a rendu unique à l’échelle du Québec au début de son mandat, sera diminué de 0,105 4 $ à 0,102 4 $ par tranche de 100 $ d’évaluation.

Cette décision « limitera l’augmentation du compte de taxe à un niveau de 2 % à 3 % en moyenne », selon Québec. Concrètement, pour le propriétaire d’une maison évaluée à 350 000 $, cela veut dire que la hausse de taxe aurait été de 60 $, et qu’elle sera plutôt de 10 $.

Le taux unique est modifié chaque année selon les besoins des centres de services scolaires et la variation des valeurs foncières.

Si le gouvernement ne diminuait pas le taux cette année, « certains contribuables auraient subi une augmentation moyenne de 17 % de leur compte de taxe scolaire en raison notamment de la hausse importante des besoins dans le milieu de l’éducation à la suite de la pandémie », estime le ministre des Finances.

« Ce qui se passe, c’est qu’il y a eu une pandémie, il y a eu des ajustements salariaux, des hausses d’effectifs, et la hausse cette année aurait été trop élevée dans le contexte où les citoyens font déjà face à un coût de la vie [croissant], et pour les propriétaires immobiliers qui vivent une hausse des taux d’intérêt », a expliqué M. Girard en point de presse.

Une mesure pour « aider les riches »

Le député libéral et ex-ministre des Finances Carlos Leitão a raillé cette mesure. Il a souligné que François Legault et la CAQ accusent depuis des mois le Parti libéral de vouloir enrichir les riches avec sa proposition de gel des tarifs d’Hydro-Québec.

Or, la taxe scolaire ne concerne que les propriétaires, et s’ajuste en fonction de la valeur de leur propriété. « Et ça, ça ne va pas aider les riches ? », s’est exclamé M. Leitão. « C’est très ironique », a-t-il ajouté.

Il voit également un autre écueil à la proposition « complexe » d’Eric Girard : en limitant la croissance des revenus des centres de services scolaires, on risque de créer un trou financier.

« L’an prochain, ils vont faire quoi ? Encore une fois limiter la hausse ou permettre un rattrapage ? », s’est-il interrogé. M. Girard a répliqué que les « besoins locaux » n’augmenteront pas l’an prochain et qu’à « long terme, les coûts du système dans le système d’éducation sont de 3,5 % ».