Québec a approuvé trois programmes universitaires menant au brevet d’enseignement sans attendre l’avis d’un comité d’experts chargé de leur qualité. Il en va de « l’intérêt des Québécois », dit le cabinet du ministre de l’Éducation Jean-François Roberge.

La pénurie d’enseignants dans les écoles du Québec fait que des milliers de profs non qualifiés y travaillent chaque année. Pour tenter d’y remédier, le ministère de l’Éducation a récemment autorisé trois nouvelles formations qui mènent au brevet d’enseignement.

Elles seront offertes par l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue et Université TÉLUQ.

Or, pour la deuxième fois en un peu plus d’un an, le ministre de l’Éducation a donné son aval à ces programmes d’études sans attendre l’avis du Comité d’agrément des programmes de formation à l’enseignement (CAPFE), dénonce son président.

Deux de ces programmes étaient en voie d’être agréés, mais « des modifications » devaient être apportées à celui de l’université TÉLUQ, lit-on dans une lettre envoyée mercredi au ministre par Marc-André Éthier, président du CAPFE.

« Il y a eu appels du bureau du ministre plusieurs fois, une forme d’ingérence politique, pour dire à mon comité d’aller plus vite, alors qu’il fait ses analyses à la vitesse qu’il peut, avec diligence et sérieux », explique en entrevue M. Éthier, qui est également professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal.

Le CAPFE annonce donc qu’il suspend ses travaux, qui n’ont « comme seule préoccupation de s’assurer que tous les programmes agréés soient de qualité, ce qui est une condition essentielle à la valorisation de la profession enseignante ».

Sur le site internet du ministère de l’Éducation, il est bel et bien indiqué que c’est ce comité qui « recommande au ministre de désigner les programmes agréés, parmi ceux qui donnent accès à l’autorisation légale d’enseigner au Québec ».

Au cabinet du ministre Jean-François Roberge, on dit lire « attentivement » chaque avis soumis par le comité. « Par la suite, nous prenons les meilleures décisions dans l’intérêt des Québécois », écrit l’attaché de presse du ministre, Florent Tanlet.

Selon le ministère de l’Éducation, 3757 enseignants étaient non légalement qualifiés en 2020-2021, trois fois plus que cinq ans auparavant.