Gros remue-ménage dans les écoles secondaires publiques à Laval. Pleines à craquer en raison de la croissance démographique, elles seront totalement repensées. Pour des milliers de jeunes et pour le personnel scolaire, c’est l’inconnu. Dans quelle école se retrouveront-ils en 2023 ?

De tout le Québec, c’est l’un des plus grands chantiers scolaires à l’heure actuelle.

Les écoles de cycle – les élèves de 1re et de 2secondaire dans un établissement, les plus vieux dans un autre – qui caractérisaient Laval jusqu’ici seront abandonnées progressivement d’ici 2024.

Le Centre de services scolaire de Laval ne pouvait faire autrement que de rebattre les cartes.

« D’ici 2023-2024, nous devrons accueillir environ 1000 élèves de plus, est-il écrit sur le site internet du Centre de services scolaire de Laval. Nos écoles débordent déjà. Ce n’est donc pas 1000 places que nous devons combler, mais 4000 pour contrer le débordement actuel. »

Au surplus, une école secondaire toute neuve, dans le sud de Laval, sera ouverte en 2023, avec une capacité d’accueil de 2000 élèves.

Il faut donc redécouper le territoire pour répartir les élèves dans les différentes écoles. Tant qu’à être en plein brassage, le Centre de services scolaire a décidé de repenser sa philosophie et de transformer ses écoles actuelles de cycle en écoles qui regrouperont toutes des élèves de la 1re à la 5secondaire.

Cela évitera aux jeunes « une transition supplémentaire » à la fin de la 2secondaire, avec le stress inutile de devoir s’adapter à un changement d’école, explique en entrevue Amiel Aguerre-Pagé, directrice adjointe du Centre de services scolaire de Laval.

En novembre, seuls 10 citoyens ont pris la parole lors de la consultation sur la réforme annoncée. Sur les pages Facebook du Centre de services scolaire et sur celles des différentes écoles, il en est très peu question.

Marc Patrick Roy est l’un des rares à suivre le dossier de près. Il n’y est pour l’instant ni favorable ni défavorable. Mais inquiet, oui, devant l’ampleur des changements à faire, dans un si court laps de temps. Ce qu’il risque d’arriver, à son avis, c’est que des locaux ne seront pas prêts à temps et que des élèves ayant déjà entrepris des programmes particuliers en sports ou en musique, par exemple, soient laissés sur la touche.

Il craint aussi que « plusieurs parents ne réalisent l’ampleur des impacts à venir qu’une fois que ça leur aura été imposé ».

Le Centre de services scolaire de Laval a tout de même annoncé la réforme, non ? « Mais qui consulte le site internet de son centre de services scolaire ? », demande Marc Patrick Roy.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Marc Patrick Roy et ses enfants

Olivier Laforme, qui préside le conseil d’établissement de l’école primaire de son enfant, note que des courriels ont aussi été envoyés aux parents. Le problème, c’est que les parents en reçoivent tellement – de l’école, du centre de services scolaire – que les informations importantes se retrouvent noyées dans le lot, selon lui.

En l’absence de levée de boucliers, le dossier de la disparition des écoles de cycle est déjà fermé. Les consultations en cours jusqu’au 27 mai n’ont trait qu’au redécoupage des territoires des écoles.

Les parents qui voudront inscrire leur enfant à une autre école secondaire que celle qui est prévue pour eux ne pourront le faire que s’il y reste de la place. Combien devront-ils payer de leur poche en transport scolaire dans ces cas-là ? Le Centre de services scolaire de Laval ne nous a pas répondu à ce sujet.

Absence d’écoles secondaires dans certains quartiers

L’intention de la transformation est de créer le plus possible des écoles secondaires de quartier. « Mais on doit composer avec l’endroit où se trouvent les écoles », souligne Amiel Aguerre-Pagé, directrice adjointe du Centre de services de Laval.

Comme c’est très souvent le cas au Québec, la construction immobilière à Laval s’est faite sans lien avec l’implantation de nouvelles écoles. Résultat : du nord au sud, à l’ouest de l’autoroute 13, il n’y a aucune école secondaire publique.

Alors oui, des enfants devront être déplacés hors quartier, si leur école déborde, d’autant qu’il faudra remplir la nouvelle école. « Plus le temps avance, plus j’ai l’impression que le projet n’atteindra pas les objectifs qui avaient été fixés : la proximité des écoles et la réussite scolaire », redoute Olivier Laforme, dont l’enfant en 4année arrivera au secondaire lors de la transition.

André Arsenault, président du Syndicat de l’enseignement de la région de Laval, regrette pour sa part qu’on abandonne « une formule gagnante », celle des écoles de cycle.

Les changements à venir ne manquent pas d’inquiéter des enseignants qui craignent l’éclatement de leur équipe « alors qu’ils travaillent avec les mêmes collègues depuis 10 ou 15 ans dans certains cas ».

M. Arsenault souligne aussi que pour la sécurité des adolescents, il était intéressant de voir les plus jeunes élèves ne pas côtoyer les plus âgés à l’école.

Cet enjeu de la sécurité a été peu soulevé par les parents en consultation publique. Par écrit, le Comité des élèves, lui, a évoqué les risques d’« intimidation, [de] tabagisme, [de] consommation » et souligné que les autorités scolaires devront veiller à éviter qu’« une socialisation se fasse d’une façon négative ».

De leur côté, les parents qui se sont manifestés ont dit et redit à quel point ils souhaitaient le plus possible des programmes particuliers en sciences, en arts ou en sports parce que cela est de nature à motiver leurs enfants à l’école.

Sylvain Martel, président du Comité de parents de Laval, fait remarquer que c’est déjà ce qui était ressorti lors d’une consultation faite en 2018 auprès des parents.

C’est justement parce que le Centre de services a promis une offre plus diversifiée de ces programmes que le Comité de parents de Laval se montre très favorable aux transformations à venir.

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  • 16 250
    Nombre d’élèves inscrits au secondaire dans les écoles de Laval
    SOURCE : CENTRE DE SERVICES SCOLAIRE DE LAVAL