Depuis lundi, des étudiants campent entre les murs de l’Université de Montréal (UdeM), certains lançant une grève de la faim, afin de faire pression sur la direction pour qu’elle élimine ses investissements dans les énergies fossiles.

Lundi matin, une trentaine d’étudiants ont installé leurs tentes et accroché leurs pancartes dans le hall du pavillon Roger-Gaudry, qu’ils occupent depuis. Deux militants ont aussi entamé une grève de la faim, réclamant un retrait total des investissements de l’UdeM dans les énergies fossiles d’ici 2025.

« C’est dommage qu’on doive se rendre là. On est supposé être écouté, pas se priver d’un besoin pour faire passer un message », déplore Catherine Ouellette-Marrero, dont le dernier repas remonte à plus de 48 h.

Au téléphone, elle prend le relais de Vincent Vaslin, trop fatigué pour mener seul l’entrevue. L’étudiant jeûne depuis plus de 60 heures. « Je suis prêt à me rendre là où il faut. Si tu veux savoir quand je vais arrêter, demande à l’université », lance-t-il, sur un ton convaincu.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Deux grévistes de la faim, Catherine Ouellette-Marrero et Vincent Vaslin.

Cinq associations étudiantes de l’UdeM sont aussi en grève pour le désinvestissement dans les énergies fossiles, et 28 autres ont adopté une résolution en ce sens. Une pétition signée près de 4400 fois et appuyée par le Syndicat des professeures et des professeurs de l’Université de Montréal circule aussi.

Le recteur s’engage d’ici 2025

Après trois jours d’occupation, le recteur de l’UdeM, Daniel Jutras, s’est engagé à présenter, d’ici juin prochain, un ou des scénarios de désinvestissement total des énergies fossiles avec pour cible 2025.

En 2020, ces actions totalisaient 98, 2 millions de dollars. Avant d’être adopté, le plan de désinvestissement devra être évalué et approuvé par les instances de l’université.

L’UdeM emboiterait ainsi le pas à l’Université du Québec à Montréal et à Concordia, qui ont toutes deux déjà pris l’engagement de sortir du pétrole.

« Bien que je déplore le recours à des actions prenant la forme d’une occupation d’un espace universitaire ou une grève de la faim, je reconnais le leadership du mouvement étudiant dans la mise en œuvre des politiques d’investissement responsable en contexte universitaire », a indiqué M. Jutras, dans une lettre adressée aux manifestants et obtenue par La Presse.

Mais la proposition du recteur ne convient pas aux militants. « Cette formulation n’est pas un engagement clair à un désinvestissement d’ici 2025, puisque rien n’empêche qu’un scénario de réduction et non de retrait total soit préféré », a indiqué mercredi soir M. Vaslin.

Par courriel, la direction affirme « continuer à discuter avec eux dans le respect » et souhaite « garder tous les canaux de communication ouverts. Elle respecte le droit de manifester des étudiants, tant que celui s’exerce dans le calme, de façon sereine et sans violence », et dans le respect des règles sanitaires.