(Montréal) Samuel Gagnon dit que sa fille de sept ans lui a dit qu’il faisait parfois si froid dans sa classe qu’elle avait envie de pleurer.

M. Gagnon, qui vit à Château-Richer, dans la région de Québec, a déclaré que l’école de sa fille avait laissé les fenêtres ouvertes dans le but d’empêcher la propagation de la COVID-19.

Mais après avoir envoyé sa fille à l’école un jour où il faisait -40 degrés Celsius avec le refroidissement éolien, il a décidé d’agir, appelant la députée de sa circonscription et publiant une vidéo sur Facebook encourageant les autres à faire de même.

Nous avons un grave problème, nos enfants gèlent dans nos écoles, et c’est inacceptable.

Samuel Gagnon, père d’une fillette de sept ans

Pour M. Gagnon, la solution est simple. Il pense que le Québec devrait installer des purificateurs d’air dans les salles de classe, ce qui se fait dans d’autres provinces.

Heidi Yetman, présidente de l’Association provinciale des enseignantes et des enseignants du Québec, un syndicat qui représente les enseignants des écoles anglophones de la province, a déclaré que même si le ministère de l’Éducation a installé des détecteurs de dioxyde de carbone dans environ 50 % des salles de classe, il n’a pas agi pour améliorer la qualité de l’air.

Le Québec a déclaré qu’il prévoyait d’installer des échangeurs d’air dans certaines salles de classe, mais Mme Yetman a affirmé qu’elle ne savait pas combien des 400 appareils que la province dit avoir reçus ont été installés.

« L’enseignante qui ne se sent pas en sécurité dans sa classe et qui a un détecteur de CO2 qui indique 2000 parties par million, alors qu’on nous dit d’ouvrir les fenêtres s’il dépasse 1500 parties par million, cette enseignante va ouvrir les fenêtres, car elle ne se sent pas en sécurité », a-t-elle fait valoir dans une entrevue vendredi.

Invité à commenter la vidéo de M. Gagnon, Florent Tanlet, porte-parole du ministre de l’Éducation Jean-François Roberge, a envoyé par courriel un lien vers un communiqué de presse du 21 janvier publié par le ministère de l’Éducation indiquant que les enseignants pouvaient fermer les fenêtres par temps froid.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge

« Les recommandations des experts sont claires : une bonne ventilation s’ajoute aux mesures déjà mises en place, comme le port du masque, la distanciation et les mesures d’isolement en cas de COVID-19 », a déclaré le ministre Roberge dans le communiqué du 21 janvier. « Ayant moi-même été enseignant, je suis conscient de l’importance d’ouvrir les fenêtres dans les classes, mais pas au détriment du confort des élèves, particulièrement par temps très froid », a-t-il ajouté.

Mme Yetman a déclaré que le gouvernement envoyait des messages contradictoires, disant aux enseignants d’ouvrir les fenêtres si le niveau de dioxyde de carbone était trop élevé, tout en leur disant de garder les fenêtres fermées s’il faisait trop froid.

Jeudi soir, le ministère de l’Éducation a indiqué que 49 852 élèves, soit 3,64 % du nombre total de la province, étaient absents en raison d’un test positif ou d’un cas présumé de COVID-19. Il a indiqué que 2080 enseignants, soit 1,53 % du total de la province, étaient absents à cause de la COVID-19.

Le ministère a déclaré qu’au 25 janvier, 96 cours dans des écoles publiques et privées étaient donnés à distance et deux écoles étaient complètement ou partiellement fermées en raison de la COVID-19.

Les cours en personne dans les écoles du Québec ont repris le 17 janvier, bien que de nombreuses écoles n’aient rouvert que le lendemain en raison d’une tempête de neige.

Olivier Drouin, père de deux enfants à Montréal, a souligné que la province publie moins de données qu’au début de la pandémie, laissant les parents dans l’ignorance.

« Le Québec a cessé de publier les nombres de cas dans les écoles. Ils ont même cessé d’avertir les parents s’il y a un cas positif dans la classe de leur enfant », a rappelé M. Drouin, qui suit les cas de COVID-19 dans les écoles depuis août 2020 avec un projet appelé COVID Écoles Québec.

M. Drouin s’est dit frustré que le gouvernement du Québec ne rende plus publiques les données sur le nombre de cas dans les écoles et n’ait « pas de plan d’action clair » pour améliorer la qualité de l’air dans les écoles.

Vendredi, les données du ministère provincial de la Santé ont montré que 43 enfants de moins de 10 ans étaient hospitalisés avec la COVID-19, ainsi que 27 autres personnes âgées de 10 à 19 ans. Six de ces patients de moins de 10 ans étaient aux soins intensifs.

Plus tôt vendredi, le ministère de la Santé a déclaré qu’un total de 3091 personnes étaient hospitalisées, soit une baisse de 62 par rapport à la veille. Le nombre de personnes aux soins intensifs a diminué de sept par rapport à la veille, à 228.

Les autorités ont signalé 48 décès supplémentaires liés au nouveau coronavirus.

Cette dépêche a été produite avec l’aide financière des Bourses de Facebook et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.