Les élèves du Québec devront à nouveau étudier derrière leurs écrans, et ce, jusqu’au 17 janvier. Une mesure « acceptable », selon une experte, qui permettra au milieu scolaire de s’adapter pour être plus sûr au moment du retour en classe.

« Je veux vous dire qu’on va tout faire pour rouvrir les écoles le 17 janvier, et que ce sont les premiers établissements qu’on va rouvrir », a affirmé le premier ministre en conférence de presse jeudi. « C’est vraiment là la priorité, avant tout. »

Selon Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, cette décision est acceptable. « D’autant qu’on sait que 50 % des éclosions étaient dans les milieux scolaires quand on les a quittés en décembre, soutient-elle. Mais ça va avoir un effet sur les générations actuelles, qu’on va mesurer à plus long terme. »

Le report de la rentrée scolaire est aussi accueilli favorablement par Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire. « Je pense que les conditions n’étaient pas réunies pour un retour à cette date [le 10 janvier], et on verra pour le 17, parce que ce sera peut-être à réévaluer », a-t-elle affirmé en entrevue avec La Presse à la suite de l’allocution du premier ministre.

« Le gouvernement, dans le réseau scolaire, manque d’anticipation », estime de son côté Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l’enseignement. « On avait des indices que le variant Omicron était plus contagieux, et là, on demande encore au réseau [scolaire] de s’adapter. »

Rappelons que tous les niveaux scolaires, du primaire à l’université, sont visés par cette nouvelle mesure. Les activités d’apprentissage reprendront cependant en virtuel, dans le respect du calendrier scolaire.

De plus, les services de garde en milieu scolaire resteront ouverts « pour les parents qui en ont vraiment besoin, en priorisant les travailleurs essentiels », indique un communiqué du gouvernement du Québec diffusé jeudi.

Préparer le retour

Cette semaine supplémentaire soutiendra une meilleure préparation au retour en classe, selon Kathleen Legault. « Ça va permettre à davantage de personnel scolaire d’aller chercher la troisième dose, explique-t-elle. Et ça permettra peut-être de distribuer les fameux masques N95, dont on nous parle de plus en plus. »

La question de la ventilation dans les écoles est aussi au cœur des réflexions sur la sécurité des milieux scolaires.

Ce qu’on nous dit, c’est qu’on va poursuivre les installations de lecteurs de CO2 pour ventiler nos locaux.

Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire

L’offre et l’utilisation plus répandues des tests rapides avant le retour en classe seraient aussi une solution pour freiner la propagation, affirme Kathleen Legault. « Ce serait très facilitant dans nos écoles. »

« On a beaucoup de questions sur la ventilation, sur les masques N95 », souligne Éric Gingras, président de la Centrale des syndicats du Québec, à laquelle est affiliée la Fédération des syndicats de l’enseignement. « […] On va vouloir s’asseoir pour voir comment on peut revenir en sécurité. »

Isolement scolaire

Les enfants, les familles et même la société en générale subissent les conséquences de l’isolement scolaire, rappelle Mme Borgès Da Silva. « C’est toujours les personnes les plus défavorisées et vulnérables qui vont en pâtir le plus », soutient-elle.

« Une partie de nos élèves subissent les effets de la pauvreté », explique aussi Sylvain Mallette, de la Fédération autonome de l’enseignement. « Ils viennent de milieux défavorisés, ils n’ont pas accès à des branchements à l’internet, par exemple. Quand les élèves visitent les écoles, ils ont accès à des services spécialisés, ce qui n’est pas le cas à distance. »

Or, le matériel informatique n’a pas été complètement distribué avant les Fêtes, affirme M. Mallette. « Comment se fait-il qu’on anticipe peu alors qu’il y a des éléments sur lesquels on a du contrôle ? »

Inquiétude pour les écoles spécialisées

Une exception à la nouvelle directive gouvernementale concerne les écoles spécialisées qui, par exemple, soutiennent les enfants handicapés. Dans leur cas, la rentrée directement en classe se fera dès la semaine prochaine.

« Ça crée énormément d’inquiétude, parce que ces élèves ne peuvent souvent pas porter de masque », déplore Kathleen Legault. Selon elle, les protocoles sanitaires n’ont pas été mis à jour pour les élèves et les enseignants de ces écoles.

« On aurait souhaité, minimalement, qu’on reporte juste de deux jours cette rentrée, explique-t-elle. Pour s’assurer de tout mettre en place et que le personnel est là. »

Dates de la rentrée scolaire en classe ailleurs au pays

Ontario : 5 janvier

Colombie-Britannique : 10 janvier

Alberta : 10 janvier

Nouvelle-Écosse : 10 janvier

Territoires du Nord-Ouest : 10 janvier