L’Université Laval se « dissocie entièrement » des propos d’un de ses professeurs en biologie qui répand certaines fausses informations au sujet des vaccins contre la COVID-19, dans une vidéo diffusée au cours des derniers jours sur les réseaux sociaux.

« Ces propos ne reflètent d’aucune façon les positions de l’Université Laval et de sa Faculté des sciences et de génie quant à la crise sanitaire », a en effet soutenu lundi la porte-parole de l’établissement d’enseignement, Andrée-Anne Stewart, en ajoutant que l’Université « se dissocie entièrement des propos tenus par le professeur Nicolas Derome dans les médias sociaux ».

Elle fait ainsi référence à une vidéo diffusée par un groupe opposé aux mesures sanitaires en place, jeudi dernier, avec en vedette le professeur au Département de biologie de l’Université Laval, Nicolas Derome. « Jusqu’à présent, les enfants n’ont pas été inclus dans des essais cliniques probants », lance à un moment l’enseignant dans la vidéo en question, qui aborde surtout la campagne de vaccination chez les 5-11 ans qui vient d’être lancée au Québec et au Canada. Pfizer a toutefois mené un essai sur quelque 3100 enfants, desquels aucun n’aurait eu d’effet secondaire grave.

Au passage, l’enseignant soutient également que « ces vaccins ne sont pas efficaces pour réduire la transmission et la contamination chez les adolescents et les adultes », qualifiant les vaccins « d’expérimentaux » à plusieurs reprises.

M. Derome affirme aussi que « selon l’Institut national de santé publique (INSPQ), au Québec, il n’y a eu aucun cas grave lié à la COVID-19 chez les enfants de moins de 17 ans ». Or, les chiffres de cet organisme, qui sont disponibles en ligne, montrent clairement que 259 enfants de 0 à 9 ans ont été hospitalisés en lien avec le virus, dont 44 aux soins intensifs, pendant que chez les 10-19 ans, on en compte 171, dont 26 en soins intensifs. On compte aussi deux décès chez les 10-19 ans.

« Intégrité scientifique »

C’est un médecin résident et docteur en pharmacologie, Mathieu Nadeau-Vallée, qui a d’abord mis en lumière les fausses informations diffusées par le professeur, via ses réseaux sociaux. Sous le pseudonyme Walmart Trudeau, le jeune homme lutte au quotidien contre la désinformation liée à la crise sanitaire. « La désinformation faite par les professionnels de la santé et les chercheurs, c’est la plus dangereuse, parce que les gens ne savent plus à qui se fier », dénonce-t-il dans sa vidéo sur le sujet, publiée vendredi dernier.

Sans préciser si des sanctions seront appliquées dans cette affaire, la direction de l’Université Laval indique néanmoins que « comme tous les membres du corps professoral, le professeur Derome est tenu à toute la rigueur et l’intégrité scientifique que commande cette fonction. »

L’Université Laval et sa Faculté des sciences et de génie rappellent au passage « qu’elles appuient et appliquent toutes les mesures sanitaires visant à lutter contre la pandémie de COVID-19 et ont pleinement confiance envers les mesures mises en place par la Santé publique ».

En ligne, la vidéo originale avait été diffusée par le collectif Réinfo COVID Québec – une division d’un collectif français –, qui se décrit comme « un collectif de soignants, médecins et citoyens réunis autour d’une idée : le besoin d’une politique sanitaire juste et proportionnée au Québec et ailleurs dans le monde ». Un peu plus de 16 000 membres font partie du regroupement, qui a fait l’objet d’un reportage de l’équipe des Décrypteurs de Radio-Canada à la mi-novembre.