Les classes modulaires sont là pour de bon dans les écoles de Montréal. Si quelques milliers d’enfants verront leur cour s’agrandir, puisque les fameuses « roulottes » seront retirées, une augmentation possible du nombre d’élèves incite le centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) à la prudence.

Ça devait être une solution « temporaire » : en 2018, ce qui était encore la Commission scolaire de Montréal (CSDM) installait près d’une centaine de classes modulaires dans des cours d’école pour faire face à une augmentation « record » du nombre d’élèves.

Trois ans plus tard, la plupart de ces classes modulaires sont restées dans le paysage. Au centre de services scolaire de Montréal, il y a cette année 2500 élèves de moins, soit 100 groupes, mais on reste prudents avant de désinstaller ce type de classe.

La baisse de la clientèle est directement liée à la pandémie, notamment au ralentissement très important de l’immigration. Si on dit : ‟Parfait, je n’ai plus besoin de ces espaces-là », on pourrait s’en mordre les doigts bien rapidement.

Mathieu Desjardins, directeur du service de l’organisation scolaire au CSSDM

Comme une bonne part de l’augmentation du nombre d’élèves à Montréal est liée aux nouveaux arrivants, le CSSDM suit « attentivement la reprise de l’immigration pour 2022 ».

Le coût d’installation de ces projets modulaires y est aussi pour quelque chose dans la décision de les laisser dans les cours d’école.

« Ce qui est coûteux, c’est la construction et le fait de venir les déposer et les raccorder à l’école. Des fois, ça vaut la peine de payer les frais de location plutôt que de les défaire et devoir les refaire », observe également Mathieu Desjardins.

Certaines s’en vont, d’autres apparaissent

D’ici trois ans, sept écoles du CSSDM pourraient néanmoins voir ces classes modulaires désinstallées. « Il y a certains endroits où on va retirer les classes modulaires qui avaient été mises en service en attendant des ajouts d’espace », dit Mathieu Desjardins.

Il cite le cas de Tétreaultville. À l’école Saint-Justin annexe, par exemple, on envisage de retirer les classes modulaires dès l’an prochain.

Ces classes pourraient néanmoins apparaître à d’autres endroits, comme à l’école secondaire Joseph-François-Perrault annexe du quartier Saint-Michel. Des travaux majeurs sont prévus, et « les élèves (en tout ou en partie) pourraient être délocalisés durant les travaux », écrit le CSSDM dans son plan triennal.

« Pas une école »

Le CSSDM reconnaît qu’en milieu urbain, les classes modulaires « hypothèquent des cours d’école qui ne sont déjà pas très grandes ».

Au fil des années, nombre d’élèves et d’enseignants ont toutefois témoigné qu’avec leurs fenêtres (qui s’ouvrent !) et une ventilation digne de ce nom, ces classes font presque office d’espaces luxueux quand on les compare aux écoles en mauvais état.

Dans le quartier Rosemont, la directrice de l’école Les Monarques, dont un pavillon sera détruit l’an prochain pour cause de vétusté, estimait néanmoins la semaine dernière qu’une unité modulaire, « ce n’est pas une école ». Actuellement, quatre classes et un local de service sont aménagés dans de tels locaux temporaires.

Est-ce acceptable d’y loger des élèves ? demandait Julie Simard.

« On ne veut pas des enfants dans des unités modulaires. Si on n’a pas le choix, je comprends… mais on veut que nos enfants soient dans une école avec une bibliothèque, des locaux spécialisés », disait-elle.

En 2008, la CSDM estimait que les classes modulaires n’étaient « pas l’idéal ».

Écoles où les classes modulaires pourraient être retirées d’ici trois ans

  • École Alice-Parizeau (primaire, Cartierville)
  • École François-de-Laval (primaire, Cartierville)
  • École Gilles-Vigneault (primaire, Cartierville)
  • École Saint-Justin annexe (primaire, Tétreaultville)
  • École Barclay (primaire, Parc-Extension)
  • École Judith-Jasmin (primaire, Notre-Dame-de-Grâce)
  • École Bedford (primaire, Côte-des-Neiges)
  • École des Nations (primaire, Côte-des-Neiges)

Source : plan triennal de répartition et de destination des immeubles 2022-2025 du CSSDM