(Québec) Les élèves des écoles primaires et secondaires du Grand Montréal et de nombreuses autres régions devront porter le masque en tout temps à l’école, y compris en classe, a appris La Presse.

Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, en fera l’annonce ce mardi, à 13 h, à l’occasion d’une mise à jour de son plan de la rentrée scolaire.

Dans les échanges des derniers jours entre le gouvernement et la Santé publique, le déploiement de tests rapides de dépistage de la COVID-19 dans les écoles a également été évoqué. L’objectif serait de tester rapidement les élèves symptomatiques, de prévenir les éclosions et de réduire le risque de fermeture de classes. Il n’était pas certain, tard lundi soir, que cette mesure serait confirmée dès maintenant.

Le port du masque en classe sera imposé à une majorité d’élèves, alors que les régions les plus populeuses seront touchées.

La mesure serait en vigueur à Montréal, à Laval, en Montérégie, dans Lanaudière, dans les Laurentides, dans la Capitale-Nationale, en Outaouais, en Estrie et en Mauricie, selon une liste qui faisait partie des échanges entre la Santé publique et le gouvernement, et qui devait être finalisée en matinée, ce mardi.

Plan chamboulé

L’émergence de la quatrième vague de la pandémie et l’essor du variant Delta, plus contagieux et virulent, ont chamboulé le plan du gouvernement en prévision du retour à l’école.

PHOTO FRÉDÉRIC MATTE, ARCHIVES LE SOLEIL

Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation

En juin, le ministre Roberge prévoyait que la rentrée scolaire serait « normale », sans masque. Mais le 11 août, il a annoncé que les élèves du primaire et du secondaire devraient porter le masque dans les aires communes, mais pas en classe. Il a par la suite indiqué que le port du couvre-visage dans les classes était envisagé pour certaines régions et que le gouvernement avait demandé un avis de la Santé publique à ce sujet. Cette dernière a préféré attendre que la rentrée soit plus imminente pour trancher, ce qui explique l’annonce de ce mardi.

Québec et la Santé publique se sont entendus pour adopter une approche prudente, alors que la quatrième vague de la pandémie vient de commencer. Les moins de 12 ans ne sont pas vaccinés ; aucun vaccin n’a encore été approuvé pour eux.

Pour justifier la mesure au secondaire, on rappellera que les étudiants des cégeps et des universités devront eux aussi porter le masque dans les salles de cours par mesure de précaution, en vertu d’une décision rendue la semaine dernière.

Québec ne remettra pas en question le choix d’éliminer le concept de bulle-classe. Il ajoutera toutefois des mesures pour encadrer les activités parascolaires, en particulier les sports impliquant davantage des contacts physiques.

Déploiement de tests rapides

Le déploiement de tests rapides de dépistage dans les écoles fait également partie des discussions entre la Santé publique et le gouvernement.

Utilisés de façon plutôt limitée jusqu’ici, les tests rapides sont revenus au menu des échanges à Québec à l’approche de la rentrée scolaire. Ce pourrait être un outil retenu dans le protocole sanitaire et le guide de gestion des cas positifs que le ministre Roberge doit également présenter ce mardi.

Les tests rapides ne seraient pas utilisés de façon aléatoire, mais viseraient plutôt à détecter rapidement des cas positifs et à prévenir les éclosions. On réduirait les risques de fermeture de classes, ont indiqué des sources impliquées dans les discussions qui n’avaient pas l’autorisation de parler publiquement du dossier.

Selon la Dre Caroline Quach, microbiologiste-infectiologue et épidémiologiste au CHU Sainte-Justine, les écoles doivent être équipées de trousses de dépistage rapide pour détecter sans délai les élèves symptomatiques, briser la chaîne de transmission et éviter des absences inutiles. Ce serait une bonne façon d’affronter le variant Delta.

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La Dre Caroline Quach, microbiologiste-infectiologue et épidémiologiste au CHU Sainte-Justine

Il faut que ça fasse partie des outils qu’on déploie à la rentrée pour permettre aux enfants d’être le plus possible à l’école.

La Dre Caroline Quach, microbiologiste-infectiologue et épidémiologiste au CHU Sainte-Justine

Recommandations

La Dre Quach a par ailleurs dirigé une étude sur les tests rapides de dépistage en milieu scolaire, le printemps dernier.

À la fin des travaux, l’équipe de recherche a d’ailleurs recommandé au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) de déployer les tests antigéniques rapides à l’échelle du réseau scolaire pour tester les élèves et le personnel symptomatiques. On recommande aussi de les utiliser pour tester rapidement les contacts rapprochés.

Les recommandations soumises en avril sont encore pertinentes, a fait valoir la Dre Quach, alors qu’on « n’aura pas le choix de continuer » les efforts de dépistage à l’automne : les vaccins ne sont « pas efficaces à 100 % », et les autres virus respiratoires hivernaux sont présents, cite-t-elle en exemple. « Et donc, oui, les gens vont avoir des symptômes, et pas nécessairement causés par la COVID-19. »

Être capable de faire une différence rapidement, ça va être hyper important, autrement, les enfants n’iront pas à l’école, jamais, et les parents ne pourront pas aller travailler parce que les enfants ne seront pas à l’école.

La Dre Caroline Quach, microbiologiste-infectiologue et épidémiologiste au CHU Sainte-Justine

Offrir une « flexibilité »

Le gouvernement Legault a maintes fois exprimé le souhait de conserver le plus longtemps possible les élèves à l’école. Pour l’automne, il espère éviter la fermeture de classes, pendant deux semaines, comme on l’a vu le printemps dernier.

« Quand un enfant toussote ou a le nez qui coule un peu, je pense que ça vaudrait la peine d’avoir accès à un test qui nous donne une réponse très rapidement », illustre la Dre Quach. Par exemple, un enfant déclaré négatif pourrait retourner en classe plutôt que d’être renvoyé à la maison.

Si son test rapide est négatif, c’est qu’il n’a pas une charge virale élevée, et il peut à tout le moins terminer sa journée, explique la Dre Quach. On pourrait demander que l’enfant soit soumis à un test PCR traditionnel en soirée ou qu’il subisse un deuxième test rapide le lendemain. Cela dépendra des protocoles que dictera la Santé publique.

Par exemple, si les autorités plaident pour le maintien des classes ouvertes, malgré la confirmation d’un cas positif, on pourrait soumettre la classe à un dépistage rapide le surlendemain. « Ce n’est pas encore clair et c’est difficile à dire tant et aussi longtemps que les protocoles ne sont pas dévoilés », affirme-t-elle.

Des trousses de dépistage pourraient même être distribuées aux parents pour qu’ils testent leur enfant dès l’apparition d’un symptôme, dit l’épidémiologiste.

« Il faut réfléchir et être créatifs », ajoute la Dre Quach, expliquant que les tests rapides offriraient aux écoles une « flexibilité qu’on n’a pas actuellement ».

L’étude pilotée par la Dre Quach a permis de démontrer l’utilité des tests rapides pour détecter la COVID-19 chez les cas symptomatiques et leurs contacts rapprochés. Mais l’équipe de recherche ne recommande pas leur utilisation de façon aléatoire. « Pour les asymptomatiques, ça ne sert pas à grand-chose », a résumé la Dre Quach.

Le test rapide de marque Panbio – utilisé lors de l’étude – donne un résultat entre 15 et 30 minutes. « C’est assez facile à faire », selon la Dre Quach.

Les élèves peuvent faire eux-mêmes le prélèvement nasal (pas aussi profond qu’un test PCR). Une personne désignée par l’établissement et qui a suivi une formation dispensée par le MSSS doit superviser l’opération.