À quelques jours du début des classes au primaire et au secondaire, bien des acteurs de l’éducation se désolaient lundi de devoir attendre à la dernière minute avant d’avoir des informations sur cette deuxième rentrée en pandémie.

« C’est comme si l’on n’avait pas tiré de leçons de la gestion de la dernière année. » La présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES), Kathleen Legault, ne s’explique pas pourquoi les jours menant à cette rentrée se déroulent encore une fois sous le signe de l’incertitude.

En ce début de semaine, bien des membres du personnel des écoles sont déjà à pied d’œuvre et, pourtant, nombre de questions subsistent, portées par la quatrième vague et le variant Delta : y aura-t-il des bulles-classes ? Utilisera-t-on le passeport sanitaire ? Qu’en est-il des élèves qui auront reçu une seule dose ?

Les attentes étaient « élevées », et le réseau scolaire « mérite mieux », a estimé Kathleen Legault, de l’AMDES. Aux questions qui demeurent sans réponse, elle en ajoute deux. « On se demande : “Où est le ministre de l’Éducation ? Comment expliquer qu’on n’ait aucune consigne écrite sur la rentrée ?” »

La Fédération des syndicats de l’enseignement se demande, elle aussi, pour quelles raisons les « balises claires » du gouvernement n’ont pas encore été énoncées.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement

On ne peut pas me dire qu’on ne pouvait pas prévoir [avant lundi].

Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement

À la mi-août, le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a présenté un plan de retour à l’école, mais certains éléments devaient être précisés selon l’évolution de la situation sanitaire. Ce sera fait à l’occasion d’un point de presse que doit tenir le ministre ce mardi après-midi.

Comme d’autres, le président de la Fédération des établissements d’enseignement privés, David Bowles, estime qu’il faudra en priorité préciser de quelle façon se fera l’isolement des élèves et des groupes-classes si un cas de COVID-19 se déclarait dans une école.

« Y aura-t-il une procédure différente pour les élèves selon qu’ils sont vaccinés ou non ? Les familles et le personnel nous demandent des réponses », dit-il.

De l’avis de beaucoup, revenir au concept des bulles-classes au secondaire serait l’idée la moins désirable. « Au secondaire, c’est presque impensable tellement c’est complexe. On ne peut pas s’imaginer qu’on va faire ça à si peu de jours de la rentrée », dit Kathleen Legault.

Le président de la Fédération des établissements d’enseignement privés estime que ce serait carrément « impossible ».

L’ambiguïté dénoncée

Ce sentiment d’« improvisation » de la part de Québec devient une « distraction » pour ceux qui doivent préparer le retour des élèves, fait observer Kathleen Legault, de l’AMDES.

Les parents veulent savoir à quoi s’en tenir, mais ne savent pas vers qui se tourner, constate quant à lui Kévin Roy, président de la Fédération des comités de parents du Québec.

On ne peut pas mettre ça sur le dos des centres de services scolaires : ils n’ont même pas l’information.

Kévin Roy, président de la Fédération des comités de parents du Québec

Du côté de la Fédération des centres de services scolaires du Québec, on ne jette pas la pierre au ministre de l’Éducation.

« L’ambiguïté ne vient pas du plan du Ministère : il est très clair », affirme sa présidente-directrice générale, Caroline Dupré. Or, explique-t-elle, certaines directions régionales de santé publique ont envoyé des directives aux écoles qui semblaient plutôt tenir compte des mesures de juin dernier. « Il faut que la position de la Santé publique nationale descende pour que tout le monde applique les mesures de la même façon », croit Caroline Dupré.

Quitte, ajoute-t-elle, à ajuster les mesures en cours de route, selon l’évolution de la pandémie. À pareille date l’an dernier, le Québec recensait un peu plus de 70 nouveaux cas de COVID-19 par jour. Lundi, on en a recensé 376.

Avec la collaboration de Louise Leduc, La Presse