Devant la menace d’une quatrième vague, Québec recule partiellement sur son plan pour la prochaine rentrée scolaire. Les élèves du primaire et du secondaire devront porter le masque dans les aires communes, mais pas en classe ou au service de garde. Le passeport vaccinal sera aussi requis pour les activités parascolaires au secondaire.

« Si on peut avoir un plan comme ça, c’est grâce à l’effort vaccinal. Mais ce n’est pas terminé. Il nous manque encore beaucoup de deuxièmes doses », a affirmé le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, en conférence de presse mercredi matin.

Dès la semaine prochaine, Québec « ciblera certains quartiers » où la vaccination est plus faible, afin que les jeunes se fassent vacciner avant la rentrée. Jusqu’ici, tout près de 83 % des Québécois âgés de 12 à 17 ans ont reçu une première dose, 47 % d’entre eux en ont reçu une deuxième et 30 % ont pris rendez-vous pour l’obtenir.

Le 2 juin, M. Roberge disait viser une rentrée sans masques ni bulles-classes à condition que 75 % des 12 à 17 ans soient adéquatement vaccinés, avec deux doses. Mais le « côté sombre » qu’est le variant Delta amène à faire certains « ajustements ».

« Il faudra porter le masque quand on va se rendre à l’école, il faudra le porter dans le transport et il faudra avoir un siège assigné dans l’autobus. Il faudra le porter dans les aires communes, mais il ne sera pas requis en classe ou à l’extérieur ou en service de garde, ce qui va faciliter l’apprentissage du langage pour nos plus petits », a résumé le ministre, qui dit avoir choisi au primaire « de considérer que le service de garde redevient un second groupe-classe ». A priori, les mêmes règles s’appliqueront pour le personnel.

Passeport vaccinal et parascolaire

En retirant les bulles-classes, Québec affirme qu’il sera possible de « ramener les cours à option au secondaire », ainsi que les programmes de sport-études et les activités parascolaires. La ministre déléguée à l’Éducation, Isabelle Charest, a précisé qu’au primaire, les activités seront accessibles pour tous les élèves, mais « qu’au secondaire, le passeport vaccinal sera requis pour certaines activités à haut risque ».

Les modalités devraient être précisées par la Santé publique prochainement. « On pourra voir dans les activités sportives où est-ce qu’on trace la ligne, mais j’encourage tout le monde à aller se faire vacciner et là, il n’y aura pas de problème pour personne », a soutenu Mme Charest.

On a fait tout ce qu’on peut pour que le sport scolaire ressemble le plus possible à ce qui se faisait avant la pandémie.

Isabelle Charest, ministre déléguée à l’Éducation

M. Roberge n’exclut pas de devoir changer son plan au fur et à mesure que la rentrée scolaire progresse. « Il y aura vraisemblablement des cas positifs, et c’est possible qu’il y ait des éclosions, auxquels cas on se tournera vers la Santé publique pour voir si on peut ajuster le plan », a-t-il promis, en parlant d’un plan « prudent, mais responsable ».

« Il n’y a pas de chiffre magique », a précisé le DYves Jalbert, conseiller médical stratégique à la Direction générale de santé publique, lorsqu’on lui a demandé quels critères baliseront d’éventuels changements au plan. Il affirme que la Santé publique suivra « surtout le nombre d’hospitalisations ».

Encore des questions en suspens

Dans le réseau de l’éducation, le plan gouvernemental soulève encore plusieurs questions. « On aurait aimé avoir la liste des sports qui seront considérés à haut risque, parce qu’on aura beaucoup de questions des parents. Sinon, on se demande aussi quel va être le temps d’isolement des élèves vaccinés en cas d’éclosions », indique le président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE), Nicolas Prévost.

La présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES), Kathleen Legault, appelle aussi « à davantage de prévisibilité des annonces gouvernementales afin de permettre aux directions de mettre en place les adaptations souhaitées de la meilleure façon ».

Nous considérons aussi que les décisions doivent favoriser l’égalité des chances, éviter la stigmatisation de certains élèves et miser sur la réussite et sur le raccrochage.

Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire

Selon l’Association, il faudra aussi « ouvrir un grand chantier pour adapter l’évaluation en vue d’un retour à une normalité où tous les savoirs sont évalués et pas seulement les savoirs essentiels ». L’AMDES se dit aussi « très préoccupée par les taux de vaccination variables par quartiers à Montréal et par le fait que dans les établissements desservant une clientèle plus vulnérable, les taux de vaccination soient plus bas ».

À la Fédération autonome de l’enseignement, le président Sylvain Mallette estime que le plan du gouvernement « ne tient pas assez compte du variant ». « Considérant les faibles taux de vaccination dans certains territoires et le fait que les 11 ans et moins n’ont pas encore accès à la vaccination, on pense qu’il aurait été plus prudent de maintenir le masque en classe », soutient-il.

Taux d’échec et de réussite

Selon le ministère de l’Éducation, les taux d’échec et de réussite aux bulletins 2020-2021 sont « similaires à ceux de l’année scolaire précédant la pandémie ». « Ce n’était pas l’hécatombe des échecs dans nos écoles. On n’a pas plus d’élèves qui étaient en échec l’an passé qu’on en avait avant la pandémie », a insisté M. Roberge. Dans un rapport que La Presse a obtenu mardi, Québec précise toutefois que les comparaisons « doivent être faites avec prudence ». Au cours de la dernière année, l’enseignement s’est concentré sur les « savoirs essentiels », et les épreuves ministérielles ont été annulées en raison de la pandémie. Le gouvernement injectera 13 millions pour la création d’un « filet scolaire » permettant de rejoindre, par l’entremise d’un agent de liaison dans chaque centre de services, les jeunes ayant choisi de décrocher.