(Montréal) Le nombre d’enfants et d’adolescents victimes d’intimidation a chuté durant le confinement, selon une étude ontarienne.

Alors qu’avant la pandémie de COVID-19, 60 % des jeunes se faisaient intimider, ils n’étaient plus que 40 % durant le confinement. De la même manière, 25 % d’entre eux intimidaient leurs camarades avant la pandémie, contre 13 % pendant.

Les chercheurs, qui ont sondé plus de 6500 Ontariens de 9 à 18 ans, attribuent cette baisse aux mesures sanitaires qui ont été prises dans les écoles, comme « un ratio d’élèves par enseignant plus petit », « des cours partiellement en ligne » et « moins d’occasions de socialiser ».

Selon eux, ces résultats montrent que « l’intimidation n’est pas un problème individuel, mais une dynamique sociale de pouvoir qui prend place en contexte de groupe à l’intérieur du système scolaire ». La solution serait donc « systémique ».

« J’ai fait la même étude il y a 10 ans, avec la même plage de temps, et les taux d’intimidation étaient exactement les mêmes que ceux juste avant la pandémie », déplore l’auteure principale de l’étude, la professeure de psychologie Tracy Vaillancourt, lors d’une entrevue. Elle remarque que la crise sanitaire a obtenu de meilleurs résultats que tous les efforts de réduction de la violence à l’école.

« Quelque chose de frappant est arrivé et nous devons trouver ce que c’était. »

Selon elle, le facteur le plus important est la supervision des élèves par des adultes, qui a augmenté durant la pandémie. « Si nous avons une plus grande surveillance des enfants, ils auront moins tendance à avoir des problèmes relationnels avec leurs pairs », explique-t-elle. Elle précise cependant que la solution n’est pas d’ajouter des caméras ou de la présence policière, mais bien des intervenants qui ont un rapport direct avec les jeunes.

La même chose au Québec

La professeure Vaillancourt, qui est aussi titulaire de la Chaire de recherche du Canada en santé mentale et prévention de la violence en milieu scolaire à l’Université d’Ottawa, pense « absolument » que les résultats seraient très semblables dans les écoles du Québec, puisque les taux d’intimidation qu’elle a relevés « correspondent à ce que de nombreuses autres études ont déjà obtenu ».

Comme la province est présentement en pénurie d’enseignants, la professeure Vaillancourt propose d’être « créatifs » et de « créer une catégorie spéciale d’adultes dans l’école pour aider au niveau de la supervision », qui ne seraient pas eux-mêmes professeurs.

Un défi différent pour les filles et les garçons

Ce sont les filles qui rapportent le plus être victimes d’intimidation, même si les garçons sont plus nombreux à avouer avoir eux-mêmes été intimidateurs.

Cette différence, la professeure Vaillancourt l’explique en partie par le type d’intimidation exercé par chaque genre. « Les garçons ont plus tendance à commettre de la violence physique, qui est plus visible et donc plus propice à une intervention », dit-elle, alors que les filles « se font exclure du groupe, ou des gens répandent des rumeurs sur elles », ce qui est « plus subtil ».

Le taux de cyberintimidation a lui aussi baissé, mais bien moins que la violence physique, sociale ou verbale.

De plus, selon l’étude, « les élèves appartenant à la diversité de genre ou appartenant à la communauté LGBTQ “sont plus nombreux à rapporter être victimes d’intimidation ».

Vaillancourt, Tracy et al., « School bullying before and during COVID-19 : Results from a population-based randomized design », Agressive Behavior, 7 juillet 2021

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.