Même si le gouvernement a annoncé que les étudiants pourraient retourner dans les salles de classe à la rentrée, certains établissements ne semblent pas prêts à rapatrier toutes leurs activités sur les campus.

Lors de son annonce du 31 mai, la ministre de l’Enseignement supérieur Danielle McCann a annoncé qu’il ne serait plus nécessaire de maintenir un mètre de distance entre les étudiants. Par conséquent, le Ministère a demandé aux universités de se préparer à accueillir les étudiants sans distanciation physique l'automne prochain. Ce retour à la normale est assorti de deux conditions : lors du retour en classe, 75 % des jeunes de 16 à 29 ans devront être vaccinés et la situation sanitaire devra être stable.

Retour timide à McGill et à Laval

Pourtant, toutes les universités ne semblent pas prêtes à revenir immédiatement à la normale. À McGill, les étudiants ont commencé à choisir leurs cours dans un horaire construit en fonction d’un scénario avec distanciation physique.

Notre scénario de base, c’est le scénario à un mètre [de distance entre les étudiants], avec l’option de repasser à zéro mètre.

Fabrice Labeau, premier vice-principal exécutif adjoint à l’Université McGill

Dans le plan « réaliste » qui, selon l’administration, devrait être déployé au moment de la rentrée, seulement 60 à 65 % des cours auront lieu en personne. Même dans son scénario « optimiste », McGill ne prévoit que 75 % à 80 % de ses cours en personne. « Si en cours de route on change notre fusil d’épaule, ça serait vraiment trop difficile de tout changer d’un coup », affirme Fabrice Labeau. Quant aux cours de 150 personnes et plus, ils continueront en majorité d’être donnés à distance dans tous les scénarios, car les grands amphithéâtres destinés à les accueillir seront réquisitionnés pour de plus petits cours.

L’Université Laval semble elle aussi se diriger vers un automne partiellement à distance. Dans un courriel envoyé à La Presse, le conseiller en relations médias Simon La Terreur a affirmé que si l’établissement cherchait à offrir « un maximum » d’activités en présence, elle « conserverait une vaste offre de formation à distance au cours de l’année universitaire 2021-2022 ». Par ailleurs, l’Université a assuré dans un communiqué du 1er juin que l’offre de cours en ligne à l’automne serait suffisante pour qu’il soit possible d’étudier sans avoir à être sur place.

L’Université Concordia n’a pas été en mesure d’indiquer dans quelle proportion les cours auraient lieu sur ses campus. Comme McGill, elle a en revanche déjà exigé de ses étudiants qu’ils reviennent à Montréal à temps pour la rentrée.

« Un pari » pour les autres universités

En revanche, les autres universités contactées par La Presse ont indiqué qu’elles se préparaient à fonctionner sans distanciation physique à l’automne.

Notre pari, c’est que ça se passe très, très majoritairement en présentiel.

Geneviève O’Meara, porte-parole auprès des médias de l’Université de Montréal

L’Université de Montréal, l’Université de Sherbrooke, l’UQAM et la Fédération des cégeps ont toutes indiqué à La Presse qu’elles se préparaient à une rentrée sans distanciation physique, avec la très grande majorité des cours en personne. Cela ne signifie pas qu’il n’y aura plus de cours en ligne : partout, on souligne que certaines nouvelles pratiques ont été appréciées et qu’elles sont là pour de bon.

PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, LA PRESSE

Entrée menant à une bibliothèque de l’Université de Montréal

Ce pari du présentiel comporte un risque : si le gouvernement devait réinstaurer l’exigence de distanciation, il faudra rapidement mettre en œuvre un « plan de repli ». Geneviève O’Meara, souligne qu’il sera très difficile, voire impossible, de revenir à une situation complètement en personne si l’année devait commencer sous le signe de la distanciation physique.

La situation ne sera complètement fixée qu’en août, lorsqu’une d’une mise à jour de la Santé publique permettra aux universités de savoir si l’objectif de vaccination aura été atteint à temps.

« Double préparation » pour les professeurs

Audrey Laplante, présidente du Syndicat général des professeures et professeurs de l’Université de Montréal, indique que les professeurs avaient été assez satisfaits de la planification faite avant l’annonce ministérielle du 1er juin. Pour ce qui est de la situation actuelle, elle a dit déplorer «la rigidité avec laquelle l’Université interprète la directive ministérielle ». Elle craint l’impact de l’incertitude sur les professeurs cet été. « Les professeurs sont épuisés et n’ont pas eu encore le temps de récupérer d’une année en ligne, dit-elle. Là, on demande à ceux qui veulent être bien préparés de faire une double préparation. » Elle redoute aussi que des professeurs plus vulnérables à la maladie se voient contraints d’enseigner en personne à l’automne.

Du côté de l’Union étudiante du Québec (UEQ), on espère que les universités sauront se montrer accommodantes avec les étudiants internationaux qui ne seront pas en mesure de retourner au pays à temps pour la rentrée. On veut aussi éviter que l’incertitude complique la planification des étudiants, en particulier en ce qui a trait à la recherche d’un logement. « On demande aux universités d’annoncer leurs plans le plus tôt possible », indique Samuel Poitras, le président de l’UEQ.

Dans une version ultérieure de ce texte, nous avons écrit que la présidente du Syndicat général des professeures et professeurs de l’Université de Montréal, Audrey Laplante, était plutôt satisfaite de la manière dont son établissement avait géré le retour à la normale. Elle a plutôt précisé qu’elle estimait que les professeurs avaient été assez satisfaits de la planification qui avait été faite avant l’annonce ministérielle du 1er juin. Pour ce qui est de la situation actuelle, elle a dit déplorer «la rigidité avec laquelle l’Université interprète la directive ministérielle ». Nos excuses.