(Montréal) Des professeurs qui enseignent devant des classes remplies, des campus où des étudiants déambulent en petits groupes, des résidences universitaires qui ont retrouvé leurs locataires. Ce n’est pas un rêve : les contours de la rentrée d’automne dans les cégeps et les universités se dessinent et il est permis de penser que la vie sur les campus reprendra.

« Soyez à Montréal pour étudier en septembre » : c’est le mot d’ordre lancé par les universités de Montréal et McGill à leurs étudiants en vue de la rentrée de l’automne prochain.

« Il y a pas mal d’incertitude sur les détails, mais une certitude qu’on a, c’est qu’en regardant l’évolution de la pandémie, le scénario le plus probable, c’est une majorité de présentiel », dit Fabrice Labeau, premier vice-principal exécutif adjoint (études et vie étudiante) de l’Université McGill, qui parle d’une « promesse » faite aux étudiants.

Comment l’Université McGill peut-elle envisager un tel automne, alors que le spectre d’une troisième vague plane encore ?

« Parmi les facteurs qu’on regarde, il y a le nombre de cas dans la population, l’efficacité de la campagne de vaccination. On parle à nos scientifiques, au ministère de l’Enseignement supérieur, on regarde ce qui se passe au niveau des voyages », poursuit M. Labeau.

Ce que ça nous dit, c’est qu’il y a de très bonnes chances que toutes les personnes à risque soient vaccinées en septembre.

Fabrice Labeau, premier vice-principal exécutif adjoint de l’Université McGill

C’est aussi le pari fait par l’Université de Montréal, qui estime elle aussi que « la campagne de vaccination qui se déroule au Québec ouvre des perspectives encourageantes pour l’enseignement donné en présence dans des salles de cours bien réelles ». Le gouvernement a annoncé mardi que tous les Québécois qui le souhaitent pourront avoir une première dose de vaccin d’ici le 24 juin.

Quelle distanciation ?

Un comité a été formé au ministère de l’Enseignement supérieur pour discuter de la rentrée d’automne. La ministre Danielle McCann n’a pas souhaité accorder d’entrevue à La Presse à ce sujet. À son cabinet, on souhaite qu’il y ait le plus de cours en présence possible à l’automne.

Personne ne sait encore à quelle distance il faudra se tenir les uns des autres en septembre, mais les établissements ont bon espoir que les proverbiaux deux mètres rétrécissent. La Santé publique le permettra-t-elle ?

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

À l’Université de Montréal, une poignée d’étudiants a pu recommencer à se rendre sur le campus, au début de la session d’hiver, en janvier.

« C’est à suivre », nous répond-on à l’Université de Montréal, tandis que l’Université McGill évoque même la possibilité qu’il n’y ait pas de distanciation si les étudiants sont masqués.

La directrice générale du Collège Ahuntsic planifie elle aussi une rentrée avec des milliers d’élèves sur le campus.

On avance en se disant que dans une classe de 30 places, il pourrait y avoir 30 étudiants avec un masque, pas nécessairement à deux mètres. Il y a une possibilité d’ajouter un peu de distance entre les pupitres. On est optimistes qu’on pourra fonctionner au maximum de notre capacité.

Nathalie Vallée, directrice générale du Collège Ahuntsic

Celle qui est aussi présidente du Regroupement des cégeps de Montréal explique que le scénario qui est envisagé pour son cégep est celui de plusieurs autres établissements.

« On envisage un maximum d’enseignement en présence à l’automne, au contraire de l’automne dernier où on envisageait un maximum de distance », dit Nathalie Vallée.

Le masque, incontournable

Tout porte à croire que le masque figurera à nouveau dans les tendances automnales sur les campus. L’Université de Montréal indique d’ores et déjà qu’il sera obligatoire dans les salles de cours. À l’Université McGill, on pense qu’il y a « de bonnes chances » qu’il en soit ainsi.

« On ne se dit pas : ce sera la fin de la pandémie ! », nuance Fabrice Labeau, premier vice-principal exécutif adjoint à McGill. « On sait bien qu’on n’aura pas de cours magistraux où on aura 700 étudiants », illustre-t-il.

Les plans des cégeps et des universités devraient se préciser au fil des prochains mois. À l’UQAM, on explique que « les conditions d’enseignement normales seront rétablies chaque fois que cela sera possible ». L’Université Laval se dit guidée par un « optimisme prudent ». On misera beaucoup sur la formation « comodale », où le professeur enseigne à la fois à des étudiants en présence et à distance.

Peu importe le mode de formation choisi par les établissements d’enseignement, les étudiants collégiaux et universitaires souhaitent être fixés rapidement pour savoir à quoi s’attendre.

« Certains doivent renouveler un bail, déménager… La dernière fois, la décision est tombée en août. Là, il nous faut des nouvelles avant l’été », dit Noémie Veilleux, présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec.

L’Union étudiante du Québec est également de cet avis. « La prévisibilité est un des facteurs les plus importants pour les étudiants, pour planifier leurs dépenses, leurs déplacements, pour savoir si ça vaut la peine ou non de suivre un cours », dit sa présidente, Jade Marcil.

Avec Louise Leduc, La Presse