(Québec) Élu depuis moins d’une semaine, le nouveau chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon n’a pas mis de temps à enfourcher le cheval de bataille traditionnel de la formation indépendantiste : la langue française.

Selon lui, le gouvernement caquiste « accélère l’anglicisation » de la région métropolitaine de Montréal en accordant plus de 700 millions à l’Université McGill et au collège Dawson, pour leur permettre d’accueillir davantage d’étudiants francophones. On s’attendait à ce que M. St-Pierre Plamondon présente jeudi les responsabilités qu’il attribue à chacun des neuf élus de son caucus, mais les discussions n’étaient pas terminées après deux jours de réunion.

En conférence de presse à l’Assemblée nationale, le nouveau chef péquiste, qui a fait ses études de droit à McGill, a dit qu’il n’hésiterait pas à dire non à l’expansion du réseau d’enseignement supérieur en anglais. Il encourage le choix individuel d’apprendre d’autres langues, mais selon lui, l’État québécois ne doit pas financer le recul du français.

« Je suis très fier de mon parcours à McGill, mais là, on parle de choix budgétaires et d’un gouvernement qui se dit nationaliste et qui subventionne à même nos fonds publics l’accélération de l’anglicisation dans la grande région de Montréal. »

L’agrandissement du collège Dawson, au coût de 50 millions, est le seul projet collégial retenu par le gouvernement caquiste dans sa liste des chantiers d’infrastructures qu’il veut réaliser plus rapidement grâce au projet de loi 66. McGill a pour sa part un projet de reconversion du site de l’ancien hôpital Royal-Victoria au coût de 700 millions.

À compter de 2021, si la tendance se maintient, il y aura plus de places dans le réseau collégial anglais que français à Montréal, dénonce le PQ.

Un éventuel gouvernement péquiste refuserait les projets d’agrandissement de cégep ou d’université de langue anglaise et favoriserait plutôt le financement des places dans le réseau de langue française.

M. St-Pierre Plamondon souhaitait ainsi réagir à la sortie du ministre responsable de la Charte de la langue française, Simon Jolin-Barrette. Le ministre déplore que 10 des 19 arrondissements de Montréal n’aient pas obtenu son certificat de francisation de l’Office de la langue française. Il entend agir pour y remédier, mais le nouveau chef péquiste y voit une contradiction.

« C’est un gouvernement qui aura été très bon à date dans les communications, mais quand on veut savoir où loge la CAQ, il faut regarder dans leurs gestes. Puis leurs gestes, c’est l’anglicisation de Montréal. […] C’est très incompatible avec la sortie d’un Simon Jolin-Barrette qui vient nous dire que c’est très important de défendre la langue française à Montréal. »