(Montréal) État de choc et de panique dans le milieu scolaire après l’envoi de certaines informations à des membres du personnel pour les aviser que leurs affectations, horaires et lieux de travail pourraient être modifiés, voire que « leurs conventions collectives ne tenaient plus », pour faire face à la situation actuelle liée à la pandémie de la COVID-19.

C’est ce qu’a raconté la présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Sonia Ethier, en entrevue à La Presse canadienne mercredi soir après un entretien téléphonique avec le sous-ministre de l’Éducation, Éric Blackburn, dans l’espoir de clarifier la situation après avoir été inondée d’appels d’enseignants inquiets.

« On comprend que quelqu’un qui reçoit un courriel et qui se fait dire que sa convention collective ne s’applique plus est en situation de panique ! On leur dit que l’ensemble de la convention collective ne s’applique plus alors que ce sont certaines dispositions, et seulement en cas de mesures d’urgence », a-t-elle déploré.

La CSQ représente plus de 200 000 membres, dont environ 125 000 font partie du personnel de l’éducation. Sa présidente dit avoir pris connaissance de l’arrêté ministériel en question, qui suspend ainsi certaines dispositions des conventions collectives de ses membres dans le réseau de l’éducation.

« C’est vraiment un arrêté ministériel pour prévoir le pire, mais les organisations syndicales n’ont pas été avisées et des consignes sont parties de tous bords, tous côtés, à l’ensemble du personnel, sans bien expliquer le sens voulu de cet arrêté ministériel. Ç’a alimenté la peur et les gens ont mal réagi », a affirmé Mme Ethier.

Le personnel de soutien aussi visé

Il n’y a pas que les enseignants qui ont reçu de telles directives puisque des avis similaires ont aussi été envoyés au personnel de soutien.

Dans une note interne de la Commission scolaire des Grandes-Seigneuries (CSDGS), obtenue par La Presse canadienne, il est indiqué « Afin de permettre à la CSDGS de maintenir ses activités essentielles, les horaires de travail pourraient être modifiés. Selon les besoins, vous pourriez donc être appelés à effectuer des tâches différentes, à l’extérieur des heures habituelles et de votre lieu de travail. »

Dans la Gazette officielle du Québec du 18 mars, il est effectivement indiqué que les conventions collectives ou ententes entre les commissions scolaires et l’ensemble des syndicats sont modifiées, notamment pour « permettre à l’employeur d’affecter le personnel à l’endroit et au moment où les besoins le justifient et que les articles relatifs aux horaires de travail sont modifiés pour permettre à l’employeur de répondre aux besoins. »

Sonia Ethier a dit prendre l’affaire très au sérieux, confiant même aux services juridiques de la CSQ le mandat d’analyser la situation. Elle a aussi eu des discussions avec des représentants de la FTQ et de la CSN à ce sujet.

Mise en garde au gouvernement

La présidente de la CSQ invite d’ailleurs le gouvernement Legault « à éviter d’adopter des mesures extrêmes, sans consultation, qui pourraient avoir l’effet contraire aux objectifs recherchés ».

« On ne comprend pas le sens de cet arrêté ministériel étant donné qu’on a toujours dit que notre personnel était prêt à collaborer. Tout le monde est en état de choc. On ne s’attendait pas à ça. Il y a eu vraiment un manquement grave de la part du gouvernement. »

Pour Mme Ethier, il doit y avoir une collaboration étroite entre les employeurs et les organisations syndicales pour que les consignes soient claires et identiques dans tous les milieux afin de ne pas créer de la confusion justement.

Rappelons que toutes les écoles du Québec sont fermées, en principe jusqu’au 30 mars, dans l’espoir de freiner la propagation du nouveau coronavirus. Toutefois, le premier ministre François Legault a laissé entendre récemment que cette fermeture pourrait se prolonger jusqu’à l’automne, voire jusqu’en décembre si nécessaire.