Certains élèves d'une école primaire de L'Île-des-Soeurs devront aller en classe dans des locaux commerciaux dès l'an prochain, en raison de la surpopulation dans les écoles de ce secteur. Une situation qui fait bondir des parents, qui déplorent le fait que la commission scolaire n'a pas tenu compte de leurs suggestions avant de prendre une décision.

Inaugurée en 2015, l'école primaire des Marguerite déborde déjà. Devant ce constat, la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys a pris la décision d'installer certains élèves dans un bâtiment commercial à un jet de pierre de l'autoroute 15, dans des espaces « conçus sur mesure pour répondre adéquatement aux besoins éducatifs [des] élèves ». Le projet serait déjà entre les mains d'architectes.

L'annexe de l'école sera située au 14, place du Commerce, une adresse où sont notamment installés des bureaux du Groupe Pages Jaunes, de Multi-Prêts et de Bombardier Produits récréatifs, indique le site internet de Canderel, qui gère les deux immeubles du complexe. On y trouve aussi une garderie pouvant accueillir jusqu'à 79 enfants.

Ce n'est pas un lieu propice à l'éducation, déplorent des parents. « J'ai fait le choix de demeurer dans le secteur de l'école pour que mes enfants aillent à cette école. Quand j'entends qu'ils vont se retrouver dans un édifice à bureaux, ça me renverse totalement », dit Amélie Godbout.

Avec d'autres mères, elle a instauré une pétition en ligne qui invite la commission scolaire à envisager d'autres possibilités.

« On ne fait pas que s'opposer. On a proposé plusieurs alternatives », ajoute Dominique Seigneur, dont deux enfants fréquentent l'école des Marguerite. Elle se demande notamment pourquoi l'école de 500 élèves déborde déjà si elle était à l'origine construite pour absorber la croissance démographique du secteur jusqu'en 2021.

L'Île-des-Soeurs compte une autre école primaire, qui accueille un peu plus de 800 élèves. Plusieurs parents interrogés estiment qu'avant de déplacer des élèves, il faudrait d'abord que chaque enfant fréquente l'école de son secteur.

« On ne veut pas être la police de la dérogation, mais la première chose à faire serait de savoir d'où viennent les élèves. On sait qu'il y a des gens [dont les enfants fréquentent l'école] qui viennent de l'extérieur du bassin. » 

- Dominique Seigneur

La commission scolaire Marguerite-Bourgeoys n'a pas souhaité nous accorder d'entrevue avant la tenue d'une réunion d'information à laquelle sont conviés les parents, ce soir. La direction générale de la commission scolaire entend y dévoiler « les éléments qui font foi de l'hypercroissance » de cette école.

«J'ai peur que ça divise»

La construction d'une troisième école à L'Île-des-Soeurs est déjà en marche et elle devrait accueillir tant des élèves du primaire que du secondaire. Le projet est inscrit au Plan québécois des infrastructures 2019-2029 comme étant « en planification ».

Dans le passé, l'arrivée de l'école des Marguerite a été l'objet de disputes au sein de la communauté. Des citoyens s'étaient opposés au terrain qui avait été choisi initialement pour la construction et un référendum sur la question avait même été tenu. Certains craignent de revivre la même chose.

« J'ai peur que ça divise, dit Juliana Zerda, présidente du conseil d'établissement de l'école. C'est important qu'on travaille tous ensemble pour garantir que nos enfants soient bien. » Elle se souvient bien des déchirements et des « larmes » qui ont coulé il y a quelques années.

Une vision partagée par l'une des instigatrices de la pétition. « On n'est pas là pour se braquer et se faire des ennemis, on veut que nos enfants aient un environnement éducatif optimal », dit Dominique Seigneur.