Les bulletins traditionnels avec pourcentages et moyennes servent surtout à des fins de classement et de sélection, et il est temps de revoir l'évaluation des jeunes à tous les niveaux d'enseignement, prône le Conseil supérieur de l'éducation. Pas question de modifier le bulletin, a aussitôt tranché le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge.

Le Conseil supérieur de l'éducation n'avait pas encore eu le temps de faire sa conférence de presse pour faire la promotion de son rapport que Jean-François Roberge disait hier matin que les pourcentages et les moyennes étaient « là pour rester ».

À son avis, le bulletin demeure l'outil de communication le plus clair pour les parents. 

Il a expliqué que tant que ce n'est pas à la suite de pressions extérieures, il ne voit aucun problème à ce qu'un enseignant accorde la note de passage à un élève qui progresse bien, mais qui n'aurait eu que 57 %, par exemple.

Non, la note ne doit pas être érigée en dogme, mais le ministre Roberge ne manifeste aucun appétit pour une refonte du bulletin.

Le Conseil supérieur de l'éducation, organisme autonome qui a pour mission de conseiller le ministre, croit plutôt que l'évaluation telle qu'elle se fait actuellement est inadéquate, et ce, à tous les niveaux d'enseignement.

« RAPPORT MALSAIN À L'ERREUR »

« La mécanique du bulletin nourrit un rapport malsain à l'erreur et rend l'évaluation fastidieuse pour les enseignants », peut-on lire dans le rapport.

« Dans l'état actuel des choses, les notes, la moyenne de groupe et le bulletin accaparent la plus grande partie de l'attention, mais ils ne communiquent pas une information claire sur ce que la personne a réussi et ce qu'il lui reste à maîtriser. »

En outre, est-il encore écrit, « [les notes] classent prématurément les individus, ce qui entraîne des dérives importantes ».

Les notes « contribuent à véhiculer une vision techniciste et comptable de l'évaluation » et elles « pénalisent l'élève ou l'étudiant pour ses erreurs de façon indélébile ».

Le Conseil de l'éducation ne présente pas de bulletin idéal à adopter, mais donne plutôt des pistes. L'évaluation pourrait selon lui se faire à l'aide de graphiques, de symboles, de cotes (A, B, C, D, E), avec de grands espaces réservés aux commentaires.

PROBLÈMES IMPORTANTS

Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement, est aussi d'avis qu'il y a des problèmes importants d'évaluation. À l'heure actuelle, elle sert surtout « à l'administration », au Ministère et à sa gestion par résultats, qui exige par exemple, dit-elle, qu'une commission scolaire ou une autre améliore ses résultats de 5 % ou 10 %.

Les notes ne veulent plus dire grand-chose, explique-t-elle. « Souvent, en juin, les élèves sont en situation d'échec et miraculeusement, à la rentrée suivante, ils ont passé. »

Les notes sont souvent gonflées par les directions d'école, qui ont elles-mêmes des pressions des commissions scolaires pour afficher de belles statistiques, poursuit Mme Scalabrini.

Selon elle, il devrait y avoir des bulletins adaptés aux différents secteurs, avec des façons de noter qui sont différentes au primaire et au secondaire, de même que pour les élèves en difficulté.

« C'est un débat sans fin et on va encore en parler dans cinq ans », lance pour sa part Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l'enseignement.

« Faudrait-il vraiment taire le fait que certains enfants ont des résultats supérieurs à la moyenne et que d'autres ont des résultats inférieurs à la moyenne ? », ajoute M. Mallette

L'évaluation est certes imparfaite, il faut continuer de réfléchir là-dessus, « mais est-ce vraiment là une si grande priorité » ?

Il se dit beaucoup plus préoccupé par les services à offrir aux élèves en difficulté et aux enseignants qui les ont dans leurs classes.

M. Mallette relève enfin que les élèves en difficulté ont déjà un bulletin qui leur est propre et que leurs notes ne sont pas comptabilisées dans les moyennes de groupe.

- Avec la collaboration de Tommy Chouinard