La commission scolaire English-Montréal (CSEM) accueille avec surprise la décision de Québec de mener une enquête « exhaustive » sur sa gouvernance et son administration. Or, l'Association des commissions scolaires anglophones du Québec reconnaît que la situation à la CSEM, son membre le plus important, « suscite des préoccupations ».

Il y a deux ans, le gouvernement Couillard avait demandé à une vérificatrice, l'ancienne haute fonctionnaire Michelle Lapointe, de faire la lumière sur des « pratiques irrégulières » de la CSEM portées à son attention. Or, comme aucune suite n'avait été donnée au rapport remis au gouvernement en juin 2017, « notre conclusion naturelle au cours des dix-huit derniers mois est qu'il n'y a pas eu d'irrégularités », a fait valoir la CSEM dans un communiqué, hier. Ainsi, « cette enquête nous prend complètement par surprise ».

Le vice-président de la CSEM, Joe Ortana, a signalé à La Presse que le Ministère avait mené une autre vérification sur l'attribution de contrats en 2016-2017 et que les fonctionnaires avaient conclu qu'« il n'y avait rien d'anormal ». « J'ai été étonné d'apprendre qu'il y a une enquête sur ce qui a déjà été vérifié », a-t-il lancé.

Il n'a pas voulu commenter la série d'allégations qui ont poussé le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge, à déclencher une enquête, comme La Presse l'a révélé hier. Ces allégations, dont certaines remontent à quelques années, sont « très sérieuses », selon le ministre. En conférence de presse, il a soutenu que le gouvernement Couillard avait « fait preuve de négligence » dans ce dossier.

Problèmes dans la gouvernance

Une source sûre a confié à La Presse mardi que la vérificatrice Michelle Lapointe avait statué en 2017 qu'il y avait des problèmes à ce point sérieux dans la gouvernance de la CSEM que le gouvernement aurait dû lancer une enquête complète et envisager de nommer un accompagnateur pour redresser la barre. « Elle concluait essentiellement qu'il fallait aller plus loin, et on peut se questionner à savoir pourquoi il n'y a pas eu d'enquête déclenchée par le précédent gouvernement », a dit M. Roberge.

Le ministre a expliqué que « le conseil des commissaires [est] fréquemment paralysé par des conflits internes ». Le commissaire à l'éthique de la CSEM a d'ailleurs conclu en décembre que la présidente Angela Mancini avait contrevenu au code de déontologie en adoptant une conduite inappropriée.

Le ministre a également relevé des « irrégularités importantes en formation professionnelle ». La CSEM fait affaire avec « des partenaires non reconnus par le Ministère qui donnent un enseignement déficient ».

Autres allégations : des contrats de plus de 100 000 $ seraient donnés sans appel d'offres, « avec des dépassements de coûts répétés ». Et des élèves se sont plaints auprès du Ministère de ne pas avoir obtenu leur diplôme après avoir terminé leur formation. La CSEM dit n'avoir « absolument rien à cacher » et promet de collaborer à l'enquête.

De son côté, l'Association des commissions scolaires anglophones du Québec, dont la CSEM est membre, appuie le déclenchement d'une enquête. « La situation au sein de la commissaire scolaire suscite des préoccupations », selon elle.