Le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, Jean-François Roberge, a annoncé mercredi matin l'ouverture d'une enquête sur l'administration et la gouvernance de la Commission scolaire English-Montréal (CSEM).

Il a exigé de demeurer informé tout au long de l'enquête si des mesures doivent être prises avant la fin du processus.

Un rapport final doit être remis le 10 septembre prochain, et un rapport préliminaire est attendu pour le 3 juin.

Le ministre Roberge affirme avoir été mis au fait, dès sa nomination, de nombreuses allégations sérieuses concernant la CSEM, qui remonteraient déjà à plusieurs années.

Lors d'une conférence de presse au parlement à Québec, le ministre a évoqué un conseil des commissaires paralysé par un climat malsain et des irrégularités concernant les programmes de formation professionnelle.

Jean-François Roberge soutient qu'il n'a pas posé ce geste « de gaieté de coeur », mais pour s'assurer que chaque dollar investi dans le système d'éducation serve le mieux possible les élèves.

« Il est hors de question pour moi ou pour notre gouvernement de fermer les yeux sur des situations qui peuvent porter atteinte à la qualité des services offerts », a-t-il déclaré, en accusant le précédent gouvernement libéral d'avoir fait preuve de négligence et d'avoir manqué de courage.

À titre d'exemples d'irrégularités, le ministre rapporte que des partenariats auraient été conclus avec des organisations non reconnues par le ministère et « qui donnent un enseignement déficient », soutient-il.

Jean-François Roberge précise que le mandat confié à « l'Équipe des enquêtes ministérielles et réseaux de la Direction générale des territoires et des enquêtes » s'appuie sur les articles 478.3 et 478.4 de la Loi sur l'instruction publique.

Ces articles permettent notamment au ministre ou au sous-ministre d'enquêter sur toute question en lien avec la qualité des services éducatifs ou de l'administration d'un établissement d'enseignement.

Malgré les allégations troublantes, le ministre a tenu à souligner le travail des enseignants. « Chaque jour, il se fait dans les écoles un travail remarquable auprès des élèves, donc on ne peut pas tolérer que ce travail essentiel quotidien soit entaché », a-t-il reconnu.

La CSEM réagit

Après être demeurée muette une bonne partie de la journée, la CSEM a publié un communiqué de presse en fin d'après-midi mercredi.

L'institution affirme que cette enquête l'a prise « complètement par surprise » puisque deux audits réalisés par le précédent gouvernement étaient demeurés sans suite.

« L'un n'a constaté aucune irrégularité, et l'autre a déposé son rapport auprès de l'ancien ministre Sébastien Proulx en juin 2017. Nous avions alors naturellement conclu au bout de 18 mois qu'il n'y avait pas eu d'irrégularités », peut-on lire dans le communiqué de la CSEM.

La commission scolaire entend collaborer pleinement avec les enquêteurs nommés par Québec. Elle assure n'avoir « absolument rien à cacher ».

Plus tard mercredi après-midi, lors d'un entretien téléphonique avec La Presse canadienne, le vice-président de la Commission scolaire English-Montréal, Joe Ortona, a indiqué qu'il ne connaissait pas l'ensemble des allégations qui sont reprochées à son organisation.

Pour ce qui est du fait que le conseil des commissaires serait paralysé, M. Ortona avoue avoir été témoin de certains agissements ayant contribué à un climat malsain.

« Mais de dire que nous avons un conseil, ici, à la CSEM, paralysé, respectueusement, je ne partage pas l'opinion du ministre », clame-t-il. Le conseil a adopté plusieurs résolutions et mis en place des démarches pour rectifier la situation.

« Dans les derniers mois, le feed-back que l'on a [...], c'est que les choses vont beaucoup mieux. Évidemment, certaines personnes agissent de façon inappropriée, et on fait de notre mieux pour corriger (sic) la situation. »

Par ailleurs, la CSEM tient à rassurer la population et ses intervenants que toutes les activités se poursuivent comme à l'habitude. Une réunion extraordinaire du conseil des commissaires figurait notamment déjà à l'horaire en soirée mercredi.