Québec est prêt à des assouplissements à court terme pour que plus de gens – des immigrants, entre autres – soient autorisés à enseigner en ces temps de pénurie extrême de personnel dans les écoles, « mais il n’est pas question de niveler par le bas », a dit en entrevue avec La Presse hier le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge.

« Je suis conscient que les banques de remplaçants sont à sec […] et que la rentrée sera difficile dans plusieurs régions », a-t-il dit.

M. Roberge a expliqué qu’il mettrait en place « un bouquet de mesures » pour que des immigrants, des retraités ou des gens qui ont un baccalauréat dans un autre domaine que la pédagogie puissent notamment venir prêter main-forte aux écoles « avant l’arrivée de sang neuf » émanant des programmes universitaires traditionnels.

En ce sens, il dit travailler de concert avec son collègue à l’Immigration, Simon Jolin-Barrette, pour que de bons dossiers d’enseignants qui souhaitent immigrer au Québec soient mis en priorité.

Refus pour un instituteur belge

Le sont-ils vraiment ? On lui soumet le cas de cet instituteur belge, Emmanuel Laforge, qui, quelques heures plus tôt, nous racontait avoir essuyé par lettre une fin de non-recevoir du ministère de l’Éducation.

« Comme tous les instituteurs belges qui enseignent aux jeunes enfants, j’ai fait trois ans d’études en pédagogie, plutôt que les quatre années obligatoires chez vous. À cause de cela, mon dossier a été refusé d’emblée », nous a raconté celui qui enseigne au primaire dans son pays depuis 20 ans.

Or, outre en France, c’est en Belgique que la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys espérait partir dans quelques mois recruter des enseignants.

M. Roberge a répondu qu’il n’était pas au courant de ce cas précis, mais que des candidats avec ce type de profil devraient normalement être acceptés et que son gouvernement était parfaitement prêt à une tolérance temporaire.

Mais sur le fond, l’idée de raccourcir d’un an le baccalauréat en enseignement (qui dure quatre ans) « n’est pas sur la table ». Il estime que les jeunes diplômés, qui sont nombreux à quitter la profession avant même d’avoir leur permanence, témoignent du fait qu’ils ont besoin de plus de formation, et non d’un parcours qui serait raccourci.

Maîtrise qualifiante

M. Roberge insiste aussi sur la nécessité pour les aspirants enseignants qui ont un baccalauréat dans un autre domaine que la pédagogie (en mathématiques, en histoire, etc.) de s’engager à obtenir leur maîtrise qualifiante.

C’est ce qui est déjà demandé à ceux qui veulent enseigner au secondaire. Ils doivent retourner à l’université et suivre 15 cours en enseignement.

M. Roberge dit presser les universités d’offrir une maîtrise qualifiante semblable le plus rapidement possible pour ceux qui voudraient plutôt enseigner au primaire.

« Quelqu’un qui a un baccalauréat en histoire, ce n’est pas dangereux, mais il doit s’inscrire dans une formation [en enseignement] pour décrocher éventuellement son brevet », explique M. Roberge.

Sur le fond, le ministre estime que le problème est limité dans le temps, comme en témoigne à son avis l’augmentation des inscriptions dans les programmes de baccalauréat en enseignement.

L’ajout de 600 professionnels à la rentrée sera aussi de nature, croit-il, à attirer plus de candidats « qui constatent que l’éducation est maintenant une priorité pour le gouvernement ».