Les craintes entourant l'implantation du nouveau cours d'éducation à la sexualité cette année, qu'elles viennent des parents ou des enseignants, étaient compréhensibles, mais l'expérience démontre qu'elles peuvent être apaisées par une mise en oeuvre réfléchie.

Trois des plus grandes commissions scolaires de la province - les commissions scolaires de Montréal (CSDM), de Laval (CSDL) et de la Pointe-de-l'Île (CSPI) - ont présenté mardi des résultats de projets-pilotes qui en rassureront plusieurs.

Le plus important des constats, toutefois, ne provient pas des adultes, mais bien des jeunes eux-mêmes.

Selon les représentants des commissions scolaires, le matériel adapté selon l'âge a été très bien accueilli par les élèves du primaire, dont la curiosité n'est plus à démontrer, et qui ont trouvé réponses à leurs nombreux questionnements en la matière. Plus encore, les adolescents de niveau secondaire ont manifesté un net soulagement de pouvoir traiter de ces questions dans un environnement neutre, faisant valoir qu'ils ne veulent pas en discuter avec leurs parents.

Les parents, quant à eux, ont été rassurés par des rencontres organisées par les écoles où avaient lieu les projets-pilotes. La plupart des inquiétudes portaient sur la nature des enseignements, mais des représentants de parents ont confié être tout aussi soulagés que les jeunes pour une autre raison, soit de savoir qu'un enseignement neutre et crédible viendrait faire contrepoids à l'omniprésent internet. Les représentants des commissions scolaires ont d'ailleurs longuement insisté sur l'importance de bien informer les parents et, jusqu'ici, aucune des trois entités n'avait reçu de demande d'exemption de ce cours.

Quant aux enseignants, leurs appréhensions étaient nombreuses. Du côté professionnel, ils craignaient de ne pas disposer des outils nécessaires et d'une formation suffisante. Cependant, l'implantation s'est faite de manière graduelle et les outils tels que des documents et capsules vidéo ont été mis à leur disposition.

Les dirigeants des trois commissions scolaires participant à la présentation ont d'ailleurs indiqué qu'ils prévoyaient commencer à donner les cours seulement durant la session d'hiver, après avoir procédé à la formation durant la session d'automne, soulignant, sourire en coin, qu'il y avait une journée pédagogique additionnelle pour tout le monde le 1er octobre en raison des élections.

L'autre source de malaise des enseignants était plus personnelle: la crainte «d'en dire trop ou pas assez», une peur des questions des enfants sur leur propre sexualité ou la crainte de réactions négatives des parents, par exemple, des appréhensions qui ont pu être soulagées par un accompagnement de divers intervenants en cours de route.

Les élèves recevront cinq heures de cours d'éducation à la sexualité par année durant le primaire et 15 heures par année au niveau secondaire, qui sont obligatoires à compter de cette année.

Au primaire, les thématiques tournent davantage autour de l'estime de soi, du respect et de l'empathie. Des sujets tels que les stéréotypes sexuels et les agressions sexuelles y sont abordés.

Au secondaire, la notion de consentement devient plus centrale et les questions de relations amoureuses, des comportements, de la violence sexuelle, des maladies transmises sexuellement et des grossesses précoces figurent au cursus.