Les syndicats d'enseignants, interpellés par le plan de valorisation de leur profession dévoilé jeudi par la Coalition avenir Québec (CAQ), se disent «agréablement surpris» de la main que leur tend le parti de François Legault.

«Quelque chose qui m'a agréablement surpris, c'est le fait que la CAQ reconnaisse que c'est par la négociation [qu'il faut travailler]», affirme d'emblée Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE).

«Qu'un parti se lance et dise qu'il faut parler de la valorisation de la profession, je pense que c'est une très bonne décision», souligne à son tour Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE).

La Presse publiait jeudi une entrevue avec Jean-François Roberge, porte-parole de la CAQ en matière d'éducation, qui dévoile les principales mesures que son parti souhaite mettre de l'avant pour «tendre la main» aux enseignants.

Hausse du salaire des nouveaux enseignants, baisse du ratio d'élèves à besoins particuliers dans les classes ordinaires, création de postes de mentors : à quelques mois du prochain scrutin, les priorités de la CAQ sont variées.

La classe ordinaire

Pour les deux syndicats, la question de la composition de la classe ordinaire, alors que M. Roberge souhaite revoir à la baisse le ratio d'élèves à besoins particuliers qui y sont intégrés, est une bonne nouvelle.

«La CAQ, là-dessus, a le mérite d'être claire et de marquer une différence avec le discours des Calinours qui veut que la classe ordinaire doit accueillir tous les élèves, en ne tenant pas compte de leurs difficultés et du niveau de ressources disponibles», affirme M. Mallette de la FAE.

«[Écouter] les enseignants sur le fait que la composition actuelle de la classe ordinaire n'a pas d'allure, (...) c'est une bonne nouvelle», ajoute Mme Scalabrini.

Les deux syndicats accueillent aussi avec optimisme l'objectif de la CAQ de hausser le salaire des futurs enseignants dès leur arrivée sur le marché du travail. «Je pense que la CAQ reconnaît que les profs ne sont pas payés comme ils devraient l'être», affirme M. Mallette.

Optimistes, mais prudents

Or, si plusieurs mesures avancées dans le plan caquiste suscitent l'intérêt des syndicats, ces derniers se montrent prudents sur ce qui sera réellement appliqué, advenant que le parti remporte les prochaines élections.

«J'ai assez vu passer de ministres de l'Éducation pour savoir qu'entre ce qu'on nous annonce et ce qu'on voit (...), il peut y avoir un monde de différences», prévient Sylvain Mallette de la FAE.

«D'entendre quelqu'un qui pourrait être un jour au gouvernement parler [de valorisation de la profession enseignante], c'est intéressant, mais on va s'asseoir [le temps venu] et regarder comment on peut le faire», conclut Josée Scalabrini de la FSE.

Un recul, martèle le PQ

Pour la critique du Parti québécois (PQ) en matière d'éducation primaire et secondaire, Carole Poirier, le plan de la CAQ est «un recul» plutôt qu'une main tendue. En 2012, souligne-t-elle, le parti de François Legault «promettait des hausses salariales de 20% aux enseignants. (...) Ils ont reculé». Cette proposition n'était déjà plus au programme du parti lors des élections de 2014. 

Sur la question de créer un ordre professionnel, «c'était avant "oui oui oui", c'est maintenant "peut-être, peut-être, peut-être", et on sent qu'ils vont plus vers le "non", puisque personne n'en veut de cette affaire-là», affirme Mme Poirier. 

Questionnée sur ce que le PQ propose face aux enjeux soulevés par la CAQ, la députée d'Hochelaga-Maisonneuve a affirmé que son parti présenterait un plan «global» en temps et lieu.