Le lock-out des 440 professeurs n'est toujours pas levé à l'Université du Québec à Trois-Rivières, malgré l'ultimatum à cet effet lancé par la ministre de l'Enseignement supérieur, Hélène David.

La ministre David a dit lundi soir sur Twitter être « dans l'obligation d'informer ceux et celles qui ont décrété ce lock-out qu'ils ne peuvent plus compter sur ma confiance ».

Elle a déploré de « nombreux essais infructueux visant à trouver une issue pour assurer une meilleure sérénité dans les négociations, et ce jusqu'en toute fin d'après-midi ».

« Dans ces circonstances, je serai à l'UQTR demain matin [mardi] », a-t-elle écrit.

La ministre David s'était dite plus tôt « extrêmement déçue » de la poursuite du lock-out et avait rappelé que « le temps presse » à cause du contexte scolaire.

Lundi après-midi, le Syndicat des professeurs de l'UQTR s'est réuni pour évaluer la situation, et a écarté la possibilité de prolonger la convention collective d'un an.

Au terme de trois heures de discussions, le syndicat a plutôt choisi de poursuivre ses négociations avec le médiateur, Gilles Lachance, et a demandé une fois de plus à la direction de mettre fin « immédiatement et inconditionnellement » au lock-out.

Au cours d'un point de presse, lundi matin, la direction de l'université avait plutôt renvoyé la balle dans le camp du syndicat des professeurs dans l'espoir d'en venir à une entente quant au renouvellement de la convention collective.

Le conseil d'administration de l'institution, qui s'était réuni exceptionnellement dimanche soir, s'est rangé derrière le recteur Daniel McMahon malgré l'ultimatum lancé par la ministre David.

Lundi, il a fait savoir qu'il avait adopté une résolution « pour réitérer sa pleine confiance au recteur Daniel McMahon et lui confier le mandat de prendre toute mesure ou décision qu'il estime nécessaire dans le cadre de la négociation du renouvellement de la dite convention collective, dont celle de maintenir le lock-out en vigueur ».

Le conseil d'administration propose de lever le lock-out des professeurs « à la condition expresse que le Syndicat des professeurs accepte la suspension de l'application des articles 8 (répartition des postes) et 9 (embauches) de la convention collective » jusqu'à la signature d'une entente de principe et à sa ratification par les instances des parties.

L'offre globale déposée vendredi par la direction incluait justement des propositions sur la charge de travail des professeurs, le plancher d'emploi et la rémunération.

Les questions de la charge de travail des professeurs et du nombre de postes posent particulièrement problème aux yeux du syndicat.

« La direction avait des demandes assez importantes, comme celle d'ajouter un cinquième cours à la tâche professorale normale, ce qui va à l'encontre de la tradition universitaire au Québec. Une charge normale, c'est quatre cours par année. Ça fait plusieurs syndicats qui se font faire cette demande-là. Sherbrooke, l'année passée, s'est fait faire la même demande et a réussi à résister. C'est une brèche qu'on ne voudrait pas qui s'ouvre », a commenté au cours d'une entrevue avec La Presse canadienne Denis Bélisle, vice-président de la Fédération québécoise des professeurs d'université (FQPPU), à laquelle est affilié le syndicat des professeurs de l'UQTR.

La direction attend des nouvelles du Syndicat des professeurs de l'Université du Québec à Trois-Rivières depuis le dépôt de son offre globale.

Le syndicat a déjà poussé les hauts cris devant ces offres, les qualifiant d'illégales parce qu'elles auraient été aussi transmises directement à ses membres, passant ainsi outre le canal normal des relations de travail entre un employeur et un syndicat.

La direction a réitéré le fait qu'elle devait tenir compte, dans ses offres, de la nécessité de revenir à l'équilibre budgétaire tout en développant l'institution.

À ce sujet, M. Bélisle rétorque que l'UQTR ne fait pas exception, que la saine gestion est une préoccupation de tous les établissements universitaires.

« Mettre les professeurs en lock-out au début de l'été, ça fait en sorte qu'ils vont épuiser inutilement leur fonds de grève ; ils ne pourront pas tenir six mois. C'est vraiment une stratégie qu'on estime déloyale de la part de l'UQTR parce qu'ils n'étaient pas rendus à un point de rupture dans la négociation », a estimé M. Bélisle.

Quant à la ministre David, elle s'est faite insistante en s'adressant aux parties sur Facebook. « À défaut d'entente, j'insiste fortement pour que les parties demandent l'arbitrage volontaire, permettant de ce fait de mettre fin au lock-out. Cela serait à l'avantage de toute la communauté universitaire, y compris les étudiants », écrit-elle.

La FQPPU représente 8000 membres dans les différentes universités au Québec.