Quelques minutes après être monté sur scène pour dénoncer la réduction de 120 millions du budget des CPE par le gouvernement Couillard, dimanche matin à Montréal, le chef péquiste Pierre Karl Péladeau a dû admettre que son parcours en matière de garderies n'était pas parfait.

Quelque temps après l'acquisition de Vidéotron par Québécor, en 2000, le CPE Les Câblinours, alors hébergé gratuitement par Vidéotron à même son siège social de la rue Viger, recevait un avis lui demandant de quitter ses locaux dans un délai d'un mois.

« J'avoue effectivement que c'était une très, très, très mauvaise idée », a réagi M. Péladeau dimanche lorsqu'on lui a rappelé cet événement. « Une très mauvaise idée », a-t-il insisté.

Le délai imposé, très court pour déménager une garderie, était prévu au bail liant l'établissement à Vidéotron.

« Le bail était un gentlemen's agreement avec la famille Chagnon [ancienne propriétaire de Vidéotron] », a indiqué hier Isabelle Fortin, membre à l'époque du conseil d'administration du CPE Les Câblinours.

« Cette clause de 30 jours, personne ne s'attendait vraiment à ce que ce soit utilisé un jour. »

Pressions des parents

Le tollé chez les parents, pour la plupart employés de Vidéotron, avait incité Québécor à d'abord étirer l'échéance à trois mois, puis à finalement laisser le CPE en place, non sans y trouver son compte.

« Je pense que c'était purement une question de rentabiliser l'espace, se rappelle Mme Fortin. À mon souvenir, nous avions fini par en venir à une entente avec le Ministère afin qu'il augmente les budgets du CPE, pour que celui-ci paie un loyer. Québécor avait obtenu de recevoir le loyer moyen du pied carré dans ce quartier. »

Les Câblinours ont donc pu continuer d'occuper un espace du 300, rue Viger, jusqu'à ce que Québécor cède l'immeuble dans le cadre de l'agrandissement du CHUM. Le CPE est depuis réinstallé à la Place Bonaventure, où il continue d'accueillir en priorité les enfants d'employés de Vidéotron et de Québécor Media.

Jointe hier, la directrice des Câblinours, Joanne Venne, a dit ne pas se souvenir des conditions exactes de l'entente survenue pour permettre au CPE d'éviter l'éviction à l'époque.