Les élèves québécois obtiendraient de meilleurs résultats scolaires si leurs enseignants étaient comparés entre eux et avaient davantage d'autonomie dans leurs choix pédagogiques, soutient une note de l'Institut économique de Montréal (IEDM) publiée aujourd'hui.

Les syndicats des enseignants réclament depuis des années une plus grande autonomie pour leurs membres, mais s'opposent catégoriquement à la « responsabilisation ».

Dans une note économique obtenue par La Presse, l'économiste Mathieu Bédard a analysé les résultats des élèves de 65 pays aux évaluations PISA de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) ainsi que le niveau d'autonomie pédagogique des enseignants de chaque pays. Selon le chercheur, il existe une corrélation positive entre les deux variantes, même en tenant compte des niveaux de vie de chaque pays.

Les professeurs québécois sont de loin les plus autonomes du pays, notamment en raison de la « grande proportion d'élèves inscrits dans les écoles privées ». Les élèves québécois obtiennent ainsi en moyenne de meilleurs résultats que leurs camarades canadiens aux tests internationaux.

Pour que les résultats scolaires des élèves s'améliorent réellement, les enseignants doivent être « récompensés ou sanctionnés » pour les « inciter à ajuster leur pédagogie pour améliorer les résultats », soutient le chercheur.

« Dans les quelques systèmes où il y a de l'autonomie pédagogique, mais où les profs ne sont pas responsabilisés face à leurs choix, ça ne donne pas forcément de bons résultats », précise en entrevue Mathieu Bédard, ajoutant que ces réformes « ne coûteraient pas un sou ».

Une revendication de longue date



L'augmentation de l'autonomie pédagogique est une revendication de longue date de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE). La première vice-présidente, Sylvie Théberge, dénonce « la suggestion très forte, pour ne pas dire l'imposition de certaines méthodes pédagogiques [...] alors que c'est notre travail de professionnel de déterminer, en fonction des élèves, quelles méthodes ou quel matériel utiliser pour répondre adéquatement à leurs besoins ».

Toutefois, la responsabilisation des enseignants « nuirait grandement à ce souci qu'ont les enseignants de trouver les meilleurs moyens pour favoriser la réussite des élèves », dénonce Mme Théberge.

Même son de cloche à la Fédération autonome de l'enseignement (FAE), où on qualifie de « boiteuse » l'adéquation entre la plus grande autonomie des enseignants et leur responsabilité d'améliorer les résultats des élèves.

« Le danger, c'est qu'on tombe dans la simplicité en disant : un bon prof, c'est un prof dont les élèves ont de bonnes notes », s'inquiète Nathalie Morel, vice-présidente à la vie professionnelle, ajoutant qu'il s'agit surtout d'une question « d'environnement social ».

Un projet de loi du ministère de l'Éducation visant à réformer le réseau scolaire doit être déposé cet automne. Les enseignants obtiendront-ils davantage d'autonomie ? « Une plus grande décentralisation dans les écoles sera un des thèmes abordés dans le projet de loi », s'est limitée à dire Julie White, l'attachée de presse de François Blais, ministre de l'Éducation.