S'il «réprouve la violence», le député de Québec solidaire Amir Khadir juge que l'UQAM, encouragée par le gouvernement, a «jeté de l'huile sur le feu» en ayant recours à la «répression» contre des manifestants.

«Quand le pouvoir agit de manière si peu bienveillante et manifeste toujours de l'intérêt pour la force plutôt que pour l'écoute, c'est ça que ça donne», a-t-il affirmé à La Presse, hier, en réaction au saccage survenu la veille dans un pavillon de l'UQAM.

Le député appuie les «visées générales de la lutte des étudiants» pour, par exemple, un financement public accru aux universités. «Quant aux moyens, il faut leur demander. Je n'approuve pas tout ce que font tous nos alliés, que ce soit dans ce secteur-là ou ailleurs, a-t-il dit. Mais dans l'ensemble, ce sont des objectifs louables qui sont poursuivis. Dommage que tant d'attention sur ces dérapages nous prive de l'essentiel.»

Le saccage est à ses yeux «déplorable et dommage». D'autant que, «pendant ce temps, on ne parle pas du saccage des régions, du saccage des services publics, du saccage de notre système fiscal par tous ces gens qui ne paient pas leur impôt et qui mettent leur argent à Jersey».

De l'huile sur le feu

Selon lui, le recteur Robert Proulx a commis «erreur sur erreur». Il lui reproche d'avoir entrepris des démarches pour expulser neuf étudiants et d'avoir demandé une injonction pour assurer la tenue des cours. «Ça a jeté de l'huile sur le feu, toute cette dérive. Ça a empiré le problème.»

«Nos décideurs publics ont une propension à judiciariser et à chercher des réponses dans la répression, a-t-il ajouté. Et un État qui commence à réprimer ses jeunes, les plus dynamiques de ses jeunes, les plus éveillés de ses jeunes, c'est une société qui a un problème», a dit le député.

Il demande à la direction de l'UQAM de rencontrer les étudiants et les professeurs pour dénouer la crise. Il estime que «le droit de grève des étudiants doit être protégé, et non pas trop encadré» par le gouvernement. «L'encadrement peut entraîner des abus», comme restreindre l'exercice du droit de grève, comme on l'a vu dans le secteur de la santé avec les obligations prévues à la loi sur les services essentiels, a-t-il affirmé.

Sa fille Yalda Machouf-Khadir a été aperçue à la conférence de presse d'étudiants et de professeurs qui ont exigé la démission du recteur Robert Proulx hier. En février, elle avait reçu une absolution conditionnelle pour des gestes remontant au printemps étudiant de 2012 - dont le saccage des bureaux de l'ex-ministre Line Beauchamp -, ce qui lui a évité d'hériter d'un casier judiciaire. Selon la décision, elle doit respecter une période de probation de trois ans et faire 240 heures de travaux communautaires. «Je pense qu'il n'y a pas de problème, a dit M. Khadir. Ma fille est étudiante à l'UQAM, et soyez assuré qu'elle est très concernée [par la situation] comme d'autres étudiants de l'UQAM.» Mme Machouf-Khadir n'a pas voulu parler à La Presse.