Les jeunes libéraux veulent abolir les cégeps tels qu'on les connaît, une idée à laquelle Philippe Couillard s'est opposé l'an dernier.

Ils proposent d'ajouter une sixième année au secondaire et une autre à l'université. Les cégeps seraient transformés en «grandes écoles de métiers» où l'on donnerait une formation professionnelle et technique.

C'est l'une des propositions qui seront débattues cette fin de semaine, à Sherbrooke, lors du congrès de la commission jeunesse du Parti libéral du Québec (PLQ), qui a pour thème «Avoir la tête à l'emploi».

Selon le président Nicolas Perrino, la réforme vise à valoriser la formation technique et à donner un caractère plus «utilitaire» au système d'éducation afin qu'il soit centré sur les besoins des entreprises. «Le modèle [actuel] n'est pas adapté aux nécessités du XXIe siècle», a-t-il plaidé en conférence de presse, hier.

Les élèves voulant suivre une formation technique passeraient de la cinquième année du secondaire aux «grandes écoles». Il est «envisageable» que ces écoles relèvent des commissions scolaires, selon Nicolas Perrino.

La formation préuniversitaire de deux ans donnée par les cégeps serait complètement revue. Un élève ferait plutôt une sixième année au secondaire. Il passerait ensuite directement à l'université, où une année supplémentaire serait ajoutée au premier cycle. Une telle réforme permettrait aux étudiants «d'entrer dans leur domaine plus rapidement», selon la commission jeunesse. «Certaines personnes disent: "On perd notre temps au cégep." Ce n'est pas le cas pour tout le monde, mais certaines personnes le disent», a souligné Nicolas Perrino. Selon lui, une année de plus au secondaire permettrait aux jeunes d'avoir plus de temps pour choisir leur carrière.

Pas un idée neuve

L'idée d'abolir les cégeps refait surface périodiquement depuis des années. La Fédération des commissions scolaires a déjà proposé une réforme semblable. La Fédération des cégeps, les syndicats et les étudiants s'y sont farouchement opposés. Lors du Forum sur l'enseignement collégial en 2004, le gouvernement Charest avait écarté le scénario de l'abolition des cégeps.

Plus récemment, le chef caquiste François Legault a remis cette idée sur le tapis. Sa proposition a aussitôt été condamnée par le gouvernement Charest.

En janvier 2013, à l'occasion d'un débat entre les candidats à la direction du PLQ, Pierre Moreau a plaidé pour la fin des cégeps. Le PLQ avait fait savoir que cette proposition n'était pas dans ses plans. Philippe Couillard avait d'ailleurs affirmé qu'il s'opposait à une remise en question des cégeps. «Je pense que c'est un outil de développement économique pour nos régions». C'est «l'un des instruments les plus utiles pour augmenter la scolarisation des Québécois», disait-il.

Dans une entrevue accordée à La Presse publiée hier, le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, disait avoir l'intention de mettre sur pied des comités de travail pour apporter des changements à la formation collégiale, mais il ne parlait pas d'abolition. Du reste, la Fédération des cégeps réclame elle-même des modifications au règlement sur les études collégiales. Il n'y a pas eu de révision de la formation collégiale depuis 1993, notait M. Bolduc. Or, cette année-là, le gouvernement libéral avait écarté l'idée d'abolir les cégeps. La ministre de l'Éducation de l'époque était Lucienne Robillard. C'est elle qui, aujourd'hui, préside la Commission de révision permanente des programmes créée par le gouvernement Couillard.

À l'automne 2013, 177 451 étudiants étaient inscrits à l'un ou l'autre des  48 cégeps du Québec, dont 48%  au secteur préuniversitaire et 46,6% au secteur technique. 

Des propositions qui feront jaser

Aide sociale

Remplacer l'aide sociale actuelle par un revenu minimum garanti (le montant n'est pas fixé). L'objectif serait entre autres d'avoir des «incitatifs au travail plus forts».

Immigration

Adopter comme critères prioritaires lors de la sélection des immigrants leurs compétences et les besoins du marché du travail, et réduire l'importance du critère de la connaissance de la langue française.

Santé

Faire une place accrue au privé en santé, demander au gouvernement fédéral de modifier la Loi canadienne sur la santé pour y arriver et mettre sur pied un système d'assurance privée pour répondre aux besoins du «nouveau système de santé mixte».

Fiscalité

Augmenter la TVQ et réduire l'impôt sur les particuliers, tout en n'alourdissant pas le fardeau fiscal global. Abolir la grande majorité des crédits d'impôt pour obtenir une fiscalité «plus équitable et efficiente». Le taux d'imposition nominal serait réduit.