Le gouvernement Marois fait la sourde oreille à la recommandation d'un comité du ministère de l'Éducation visant à réaliser une étude sur les effets possibles de sa Charte des valeurs sur le réseau scolaire.

Dans son rapport annuel déposé en décembre et passé sous le radar, le Comité sur les affaires religieuses observe que «le projet d'interdire le port de signes religieux ostentatoires par le personnel de l'État durant les heures de travail suscite de nombreux débats et des prises de position souvent tranchées dans l'espace public». «Ces réactions, poursuit-il, laissent croire qu'il serait prudent d'essayer de prévoir les effets, dans le milieu scolaire, de l'application d'une telle règle aux enseignants et enseignantes des écoles publiques.» Il souligne que «plusieurs intervenants ont fait valoir que [...] des enseignantes ou enseignants de différentes confessions se verraient contraints de faire un choix déchirant entre leur emploi et leurs convictions profondes». Il recommande donc à la ministre de l'Éducation, Marie Malavoy, de faire une étude sur les effets possibles de la Charte avant son adoption.

La Presse a tenté à plusieurs reprises d'avoir les commentaires de Mme Malavoy. Un porte-parole s'est contenté de dire que le gouvernement n'est pas obligé de consulter ce comité ni de suivre ses recommandations.

Voie de garage

La Presse a révélé en septembre que Québec a mis sur une voie de garage le Comité sur les affaires religieuses, qui a des positions allant à l'encontre de sa Charte. Dans un avis datant de 2006, le Comité rejetait l'idée d'interdire au personnel des écoles le port de signes religieux ostentatoires.

Le Comité confirme dans son rapport annuel que «le Ministère a réduit de façon importante» ses ressources, «ce qui a affecté le rythme des travaux et sa capacité à remplir sa mission». Quatre postes sont vacants. Et le gouvernement n'a toujours pas nommé de successeur à Marie-Andrée Roy, professeure au département de sciences des religions de l'UQAM, qui a quitté la présidence en mars. Le Comité presse le gouvernement de «régulariser sa situation».

Dans son rapport annuel, il plaide également pour la création d'un «organisme permanent chargé de conseiller l'ensemble du gouvernement sur les questions interculturelles et interreligieuses». «Les débats plus larges qui entourent la neutralité religieuse de l'État et la visibilité des signes religieux dans l'espace public soulèvent suffisamment de questions et d'intérêt dans la population pour envisager» cette mesure, soutient-il.

Selon la Loi sur l'instruction publique, le Comité sur les affaires religieuses a pour mission de «conseiller le ministre de l'Éducation sur toute question touchant la place de la religion dans les écoles». Il a été créé en 2000 pour remplacer les comités confessionnels catholique et protestant. Au cours des dernières années, ce Comité a entre autres travaillé à l'élaboration du cours Éthique et culture religieuse. Il est composé de 13 membres nommés par le ministre de l'Éducation, issus notamment du milieu universitaire et des commissions scolaires.

Le Comité sur les affaires religieuses

Selon la Loi sur l'instruction publique, le Comité sur les affaires religieuses a pour mission de «conseiller le ministre de l'Éducation sur toute question touchant la place de la religion dans les écoles». Il a été créé en 2000 pour remplacer les comités confessionnels catholique et protestant. Au cours des dernières années, ce Comité a entre autres travaillé à l'élaboration du cours Éthique et culture religieuse. Il est composé de 13 membres nommés par le ministre de l'Éducation, issus notamment du milieu universitaire et des commissions scolaires.